Nigeria : Moody’s dégrade la note de la banque Diamond Bank
L’agence de notation a dégradé Diamond Bank pour un taux élevé de prêts non performants, de tensions en terme de gouvernance et d’importants besoins de refinancement en devise. Moody’s anticipe toutefois un soutien des autorités en cas de nécessité, en raison de son poids dans l’économie nigériane.
Le 21 novembre, Moody’s a dégradé la note de la banque nigériane Diamond Bank, de B3 à Caa1. Ce choix fait suite au départ du président du conseil d’administration et de trois directeurs non exécutifs, rendu public le 28 octobre, souligne Moody’s dans une communication. Également en cause, l’annonce des résultats financiers du troisième trimestre, « qui ont montré un manque de progrès dans la réduction des expositions problématiques, contrairement aux améliorations que l’agence de notation avait prévues ».
Trois facteurs viennent motiver la décision de l’agence de notation. Premièrement, une solvabilité faible de la banque nigériane, caractérisé par de faibles provisions pour son niveau élevé de prêts non performants. « Le taux de prêt non performants de Diamond Bank s’élevait à environ 40 % des prêts bruts en septembre 2018, contre 42 % à la fin de l’année 2017 », indique Moody’s. Seuls 40 % de ces prêts non performants sont couvert par des provisions.
Tensions dans la gouvernance de Diamond Bank
Deuxièmement, les tensions en matière de gouvernance d’entreprise risquent de détourner l’attention de la direction de la résolution des prêts non performants et de miner la confiance des investisseurs, souligne l’agence de notation. Cela fait suite au départ inopiné du président du conseil d’administration et de trois directeurs non exécutifs.
La banque examine actuellement diverses options du marché pour répondre à ses besoins de financement en devises
Enfin, Diamond Bank va devoir faire face à d’importants besoin de refinancement en devise au cours du premier semestre 2019, avec notamment un eurobond de 200 millions de dollars arrivant à échéance en mai. « Les actifs liquides en devises de Diamond à la fin de l’exercice 2017 représentent environ 25 % de la dette et des emprunts venant à échéance en 2019, et la banque examine actuellement diverses options du marché pour répondre à ses besoins de financement en devises », écrit Moody’s.
Moody’s anticipe un soutien du gouvernement
Malgré ces difficultés, Moody’s continue de tabler sur une forte probabilité que le gouvernement soutienne Diamond en cas de besoin, en raison de la désignation de la banque comme « banque nationale d’importance systémique » au Nigeria et son importante clientèle de particuliers qui compte environ 10 millions de clients.
Dans une analyse de mai 2018, l’agence de notation demeure confiante pour le secteur bancaire dans son ensemble, avec une stabilisation du risque de liquidité en devise en raison de la remontrée du prix du baril et un régime de change plus flexible. « Toutefois, nous nous attendons à ce que les bénéfices des banques subissent des pressions, et à ce que les ratios de fonds propres diminuent légèrement au cours de la même période. En outre, la qualité des actifs restera faible, mais la détérioration de la performance des prêts sera marginale à mesure que les conditions d’exploitation s’amélioreront. »
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