Senghor et nous

J.A. vient de sortir un hors-série consacré à l’ancien président sénégalais. Voici le témoignage de l’un de nos collaborateurs qui a participé à la réalisation de ce document.

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 3 minutes.

Quand la décision a été prise de publier un hors-série sur Léopold Sédar Senghor à l’occasion des célébrations du centième anniversaire de sa naissance, le 9 octobre 1906, le choix de Philippe Gaillard pour conduire l’opération ne souffrait aucune contestation. Notre collègue, qui a longtemps assuré la rédaction en chef de Jeune Afrique, est passé maître dans l’exercice qui consiste à réunir des textes et les photos qui les illustreront, puis, lorsque l’ensemble est mis en page, à se livrer au travail très particulier d’« habillage » – d’autres parlent de titraille -, c’est-à-dire la rédaction des titres, chapeaux, légendes, etc., qui donneront son visage définitif à un article ou un ensemble d’articles. Pour avoir été sept ans durant, de 1969 à 1975, conseiller de presse du président sénégalais, rien de ce qui touche aux étapes de sa carrière politique, à la façon dont il a exercé le pouvoir de 1960 à 1980 ne lui est étranger.

À la demande de Danielle Ben Yahmed, directrice de la publication, j’ai été associé au projet. Si elle venait se surajouter à une charge de travail déjà lourde, cette mission n’était pas pour me déplaire. D’abord, j’avais déjà fait équipe avec Philippe Gaillard pour l’édition du précédent hors-série publié en janvier 2002, au lendemain de la mort du poète-président. Et j’avais gardé le meilleur souvenir de cette collaboration. Il se trouve aussi que je voue un véritable culte à l’ancien président Senghor. Ayant eu la chance de travailler au Sénégal entre 1974 et 1978, dans un domaine, le développement à la base, qui m’amenait à entretenir des contacts étroits avec les fonctionnaires de ce pays, j’avais pu apprécier l’esprit de liberté qui y régnait, et cela avant même l’instauration du pluripartisme, qui n’interviendra progressivement qu’à partir de 1976.

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À Dakar, j’écoutais avec un plaisir qui ne s’est jamais démenti les interventions du président sur les ondes de la RTS. À l’époque, l’un de ses chevaux de bataille était la détérioration des termes de l’échange. Il en parlait avec autant de passion que s’il s’était agi de la négritude ou du dialogue des cultures. Cet homme avait l’art de donner une dimension lyrique au sujet le plus trivial.
Ce n’est que plus tard, après avoir viré vers la littérature, que je découvris son uvre poétique. Depuis, chaque fois que je me replonge dans ses textes, je me convaincs un peu plus de leur richesse et de leur beauté. Mon poème préféré ? L’« Élégie pour Philippe-Maguilen », dans laquelle il évoque la disparition de son fils cadet, mort accidentellement en 1981. La lecture de ces versets m’arrache des larmes d’émotion.
Mais il y avait un défi à relever. Ce hors-série devait absolument sortir avant le 16 mars, jour de l’inauguration du Salon du livre de Paris, lequel marque le début des festivités qui se dérouleront toute l’année en France à la fois autour de la francophonie et de Senghor, l’un de ses pères fondateurs, comme chacun sait. Le menu composé, les textes commandés ou récupérés dans nos archives, puisque le document qui vous est proposé aujourd’hui reprend une partie des articles du hors-série de 2002, le plus dur restait à faire : trouver, dans les murs de Jeune Afrique, les moyens humains de mener à bien l’opération. Car, parallèlement, la même équipe de rédacteurs, de maquettistes et de réviseurs, sans oublier le service iconographique, devait faire avancer un autre hors-série sur L’État de l’Afrique ainsi que le n° 2 du trimestriel en langue anglaise The Africa Report, le deuxième numéro de la Revue de l’intelligent qui paraîtra au début d’avril, sans compter, bien entendu, les livraisons successives de l’hebdomadaire.

Le résultat, ce sont 116 pages associant témoignages, chroniques, analyses et commentaires sur la vie et l’uvre de Léopold Sédar Senghor. Politique intérieure et internationale, action culturelle, création littéraire, tous les domaines où cet homme d’exception s’est illustré sont couverts. Beaucoup des grands acteurs de la scène sénégalaise, à commencer par le président Abdoulaye Wade et son prédécesseur Abdou Diouf, aujourd’hui secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, ont apporté leur contribution. Une centaine de photos, dont beaucoup sont inédites, rendent, croyons-nous, la lecture de cette publication particulièrement agréable. Mais c’est à vous d’en juger.

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