Réanimer l’hôpital

À quelles conditions peut-on répondre à ce qui est souvent le dernier espoir des malades africains ?

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 3 minutes.

Des milliers de malades se pressent chaque jour dans les hôpitaux africains qui sont souvent le dernier espoir après le dispensaire et/ou le guérisseur. Malheureusement, beaucoup d’hôpitaux ne vont pas bien. Que de plaintes entendues ou lues : « Mon enfant cardiaque n’a pas pu être soigné : je n’avais pas d’argent » « Mon frère n’a pas été opéré : il fallait acheter le sérum et le fil » « Mon père est mort en attendant le chirurgien » « Il a fallu payer l’hôpital, l’infirmier, le médecin et la quinine ». Que faire ?
Il y a une quarantaine d’années, certains experts voulaient « laisser mourir les hôpitaux » : ils coûtaient trop cher. À la surprise des experts, on s’est aperçu que la population réclamait des hôpitaux et que les gouvernants devaient les entendre. Alors, comment « réanimer » l’hôpital ?

La première exigence immédiate est certainement d’assurer la prise en charge correcte des situations d’urgence qui mettent la vie en danger et pour lesquelles on dispose de traitements médicaux ou chirurgicaux simples, sûrs, efficaces et réalisables sans équipement coûteux. Une commission pourrait en reconnaître aisément une quarantaine : du paludisme grave à la déshydratation aiguë, de l’appendicite à la hernie étranglée, de la pneumonie à la méningite, de la grossesse extra-utérine à l’dème aigu du poumon, etc. Pour ces affections graves et curables, les hôpitaux devraient assurer un traitement immédiat, très peu cher – voire même gratuit – pour le patient. Avec pour règle : soigner le malade même en l’absence de paiement préalable. C’est ce que nous faisions, en d’autres temps, à l’Institut de cardiologie d’Abidjan : après la guérison, les malades et leurs familles s’efforçaient toujours de payer. Pour que le traitement des urgences soit efficace, l’administration hospitalière doit évidemment organiser la présence sur place, jour et nuit, d’au moins un médecin et un chirurgien expérimentés, ainsi que celle des personnels indispensables. « La garde à l’hôpital prime tout » : cette formule, inscrite – je l’espère – dans l’esprit des étudiants, ne doit pas être oubliée dans leur vie médicale.

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Une deuxième exigence pourrait être la mise à la disposition des malades – à très bas prix – de 100 médicaments dont la liste serait faite par une commission médico-pharmaceutique prenant en compte les besoins locaux. En retenant des critères d’efficacité, d’un minimum d’effets secondaires et de prix. Progressivement, selon les moyens et dans des conditions à définir, cette liste pourrait être élargie dans le cadre des 300 médicaments essentiels retenus par l’Organisation mondiale de la santé.

La troisième exigence immédiate est la réhabilitation et l’hygiène des locaux, au moins des services d’accueil des urgences. Mais attention, hôpital réhabilité ne signifie pas hôpital efficace : une chambre confortable n’entraîne pas forcément des soins de qualité. Mais si on peut avoir le confort et l’efficacité, c’est mieux. Au lieu de réhabiliter, on peut aussi construire. Si cette solution est retenue, il ne faut pas oublier de prévoir le budget de fonctionnement qui, chaque année, doit s’élever à 40 %-50 % du prix de la construction. Sinon, on aura un hôpital neuf mais un fonctionnement déficient.
Dans la situation de nombreux hôpitaux, la priorité, c’est l’hygiène, une bonne organisation et un budget correct pour assurer un fonctionnement efficace. Avec la présence effective à l’hôpital des personnels sans lesquels ni l’hôpital ni les malades ne peuvent être réanimés.

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