Patrick Amoussou-Adéblé

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Poliment, Patrick Amoussou-Adéblé dit ne pas comprendre pourquoi on s’intéresse à lui. À l’en croire, son parcours n’a rien d’exceptionnel. Sous-préfet de l’arrondissement de Chinon depuis le mois de mai 2005, ce fils de Béninois âgé de 38 ans trouve banal qu’un « homme de couleur » occupe aujourd’hui un poste dans la haute fonction publique française. Fût-ce dans un terroir aussi peu cosmopolite que la Touraine, en plein cur de l’Hexagone.

Il n’a pas tout à fait tort : en janvier 2004, le Kabyle Aïssa Dermouche, nommé à la tête de la préfecture du Jura par Jacques Chirac, avait essuyé les plâtres. Premier préfet « issu de l’immigration » – telle est l’expression consacrée -, c’est avec lui que les Français d’origine étrangère ont acquis droit de cité sous les ors de la République. Quand le sociologue né de parents algériens Azouz Begag devient ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, en juin 2005, les Français ne s’étonnent guère. Et plus du tout, le 7 mars dernier, lorsque TF1 annonce qu’un Antillais présentera le journal télévisé cet été. Les institutions prennent des couleurs et l’opinion réagit de moins en moins : il était temps.
Reste que Patrick Amoussou-Adéblé tient à tout prix à souligner que sa situation n’est en rien le produit d’une discrimination positive. « C’est toujours la capacité que j’ai eue à réussir mes examens qui a primé », martèle cet ancien élève de l’École nationale des impôts (ENI) et de l’École nationale d’administration (ENA).

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Patrick Amoussou-Adéblé ne veut être l’exemple de rien, sinon peut-être du bon vieil adage selon lequel le travail finit toujours par payer. Tout juste concède-t-il avoir eu un peu de chance au départ grâce à ses parents, tous deux enseignants. Difficile pourtant de croire au long fleuve tranquille. Les discriminations à l’embauche ou au logement que subissent actuellement les Français « issus de l’immigration » ne sont un secret pour personne. « Je ne dis pas que je n’ai jamais fait face au racisme, mais j’ai toujours occupé des postes d’autorité, ce qui forçait les gens à me respecter », explique le sous-préfet, conscient des privilèges que lui ont offerts ses fonctions.

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