Les paroles s’envolent, le virus reste

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Trois mois après l’apparition des premiers cas de grippe aviaire dans le nord du Nigeria, les services vétérinaires africains ne sont toujours pas en mesure d’enrayer la progression du virus H5N1. C’est l’amer constat dressé par les spécialistes réunis à Libreville du 20 au 22 mars pour la troisième conférence régionale consacrée à la question (après celles de Brazzaville, en janvier, et de Dakar, en février).
L’épizootie progresse dans les quatre pays (Nigeria, Égypte, Niger et Cameroun) où des cas ont été officiellement déclarés. Les Égyptiens ont même diagnostiqué plusieurs cas de transmission du virus à l’homme, dont un mortel. Plus grave, la grippe aviaire se serait propagée à de nombreux autres pays d’Afrique de l’Ouest et centrale (notamment). Le problème est que les autorités se refusent à communiquer sur la question. Pour ne pas affoler les populations et mettre en danger l’aviculture locale. Certains pays affirment que leurs services vétérinaires ne disposent tout simplement pas des moyens de surveillance ou de diagnostic nécessaires.
L’argent, c’est un fait, fait défaut. Les services de santé ont pourtant dressé des plans de lutte contre la maladie : dépistage, abattage et incinération des oiseaux contaminés, désinfection des bâtiments et des matériels, fermeture des marchés aux volailles, confinement des poulets et étroite surveillance des élevages Mais leur application reste douteuse et leur efficacité aléatoire. Une mission de l’ONU a récemment constaté l’insuffisance des efforts déployés au Nigeria, au Niger, au Cameroun, au Bénin et au Tchad, la région la plus exposée. Les équipes sanitaires manquent d’entraînement, le matériel médical et les produits pharmaceutiques font défaut, de même que les véhicules nécessaires pour assurer la couverture de territoires immenses et de zones rurales difficilement accessibles.
À Libreville, les pays africains ont une nouvelle fois fait appel à la générosité des donateurs et regretté que l’enveloppe de 1,9 milliard de dollars promise lors de la conférence de Pékin, au mois de janvier, tarde à se matérialiser. Un début de polémique s’est ensuivi. « Nous ne signerons pas un chèque en blanc, a lancé le Dr David Nabarro, le coordinateur de l’ONU. Vous devez nous aider à vous aider. » Les bailleurs de fonds insistent pour que les gouvernements africains fassent eux aussi un effort financier important.
Le communiqué final de Libreville souligne « la nécessité de faire preuve d’un ferme engagement politique au sommet de l’État et d’assurer une coordination multisectorielle au niveau ministériel pour l’élaboration des plans, la mobilisation des ressources, la mise en uvre et le suivi des actions ». Reste à traduire dans les faits ces déclarations d’intention.

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