Algérie : Mouad Bouchareb, nouvel homme fort du FLN à quelques mois de la présidentielle
Le chef de l’État et président du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Bouteflika, a nommé dimanche 25 novembre le président de l’Assemblée nationale coordinateur de l’instance dirigeante du parti. Une marque de confiance importante, à moins de cinq mois de l’élection présidentielle.
C’est la première fois que le président de la République intervient ouvertement et publiquement dans la gestion du vieux parti. « Cette restructuration ne peut qu’obéir à un objectif et une échéance précis », commente un ex-membre du bureau politique du FLN.
« À quelques mois de la présidentielle, cela répond à une volonté de neutraliser quelques membres du comité central et de ressouder les rangs. Au FLN, les membres des instances dirigeantes dissoutes n’arrivaient pas à dépasser les clivages et les ambitions. Une formule a été trouvée pour les faire taire : mettre en veilleuse les structures qui posent problème », renchérit un cadre du Rassemblement national démocratique (RND), le parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia.
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Toutes les structures du parti ont également été dissoutes. Une manière de contourner son règlement intérieur, puisque l’article 36 de la loi organique du FLN stipule qu’en cas de vacance du poste de secrétaire général, l’intérim doit être assuré par le membre le plus âgé du bureau politique. Une session extraordinaire du comité central doit ensuite se tenir dans un délai de 30 jours, afin d’élire parmi ses membres un nouveau secrétaire général. Suivant ces critères, Mouad Bouchareb, 47 ans, n’était donc pas éligible pour diriger le FLN. D’abord du fait de son âge, et ensuite parce qu’il n’est membre ni du comité central, ni du bureau politique.
L’instance transitoire dont il vient de prendre la tête – également composée des parlementaires et anciens membres du bureau politique Dalila Taieb, Mohamed Goumama, Saida Bounab, Mustapha Karim Rahiel, Samira Kerkouche et Said Lakhdari – aura pour mission de gérer les affaires courantes du parti et de préparer la tenue d’un congrès extraordinaire, qui se tiendra avant ou après le scrutin présidentiel de 2019. Aucune date n’a été avancée pour l’instant.
Homme providentiel ?
Confier les rênes du parti et sa restructuration à Mouad Bouchareb, en remplacement du démissionnaire Djamel Ould Abbès, n’est guère une surprise. Le 24 octobre dernier, il a été élu à la tête de l’Assemblée nationale, à la suite de l’éviction de Saïd Bouhadja. En coulisses, Mouad Bouchareb a coordonné avec succès la contestation des députés d’une coalition RND-FLN-TAJ-MPA pour empêcher le président de 80 ans de se rendre à son bureau. « Bouchareb est un jeune qui fonce et qui exécute avec zèle les consignes. Il bénéficie aussi de la confiance de Bouteflika. C’est l’homme de la situation », ajoute le cadre du RND contacté par Jeune Afrique.
Député de Sétif depuis trois législatures, Bouchareb a occupé les fonctions de vice-président de l’Assemblée nationale populaire et président du groupe parlementaire de son parti, avant d’accéder au statut de troisième personnage de l’État à la faveur d’un concours de circonstances qui n’a pas livré tous ses secrets. « C’est à ce moment-là qu’on a décidé de lui confectionner un CV lui donnant la stature d’un homme d’État », pense un cadre du Rassemblement de l’espoir de l’Algérie (TAJ), le parti de l’ex-ministre des Travaux publics Amar Ghoul. « Tout a changé pour lui durant cette période. Il était sollicité tout le temps par téléphone par les hautes sphères de l’État », témoigne un député FLN.
Le FLN n’est pas un parti aisé à diriger, donc il faut être à l’écoute et ne léser personne. Tout est une question d’équilibre
Le nouveau président de l’instance dirigeante du FLN prône un discours conciliant. « Je peux être un réconciliateur et un unificateur des rangs du FLN. J’ai déjà mené à bien cette mission lorsque j’étais chef du groupe parlementaire du parti », confie Mouad Bouchareb. « Le FLN n’est pas un parti aisé à diriger, donc il faut être à l’écoute et ne léser personne. Tout est une question d’équilibre. Je suis capable de fédérer les dissidents et opposants de l’ancienne direction », certifie-t-il à ses proches.
L’ascension de Bouchareb a été si fulgurante que certains n’hésitent pas à le présenter comme une personnalité présidentiable, en cas de défection de Bouteflika à cause d’une aggravation de son état de santé. Une possibilité rejetée par nos sources appartenant à l’alliance présidentielle. « Mouad Bouchareb est un homme qui sert une conjoncture et un agenda déterminés. Rien de plus », concluent-ils.
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