Affaire Khashoggi : la visite de Mohamed Ben Salman à Tunis suscite l’indignation
L’annonce de la visite du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman, prévue le 27 novembre à Tunis, a provoqué une levée de boucliers au sein de la société civile.
Tunis, au siège du Syndicat national des journalistes professionnels (SNJT), lundi 26 novembre. Une affiche montrant Mohamed Ben Salman (MBS) couvre une partie de la façade de l’établissement. On y voit le prince héritier saoudien, de dos, une tronçonneuse à la main. « Non à la profanation de la Tunisie, terre révolutionnaire », peut-on lire au dessus de l’illustration. Quelques centaines de mètres plus loin, la devanture du siège de l’Association des femmes démocrates (ATFD), une autre affiche montre un homme vêtu d’un habit traditionnel saoudien maniant un fouet. En lettres rouges : « Nous ne souhaitons pas la bienvenue au fouetteur de femmes ».
Depuis l’annonce de la visite diplomatique du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman, prévue mardi 27 novembre dans le cadre d’une tournée dans six pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Égypte, Tunisie, Mauritanie et Algérie), une partie de la société civile et de l’opposition tunisienne s’organise pour exprimer leur mécontentement. Un collectif de blogueurs, de journalistes et d’activistes ont chargé un collectif de cinquante avocats de porter plainte devant les tribunaux tunisiens pour s’opposer à cette visite.
Après l’affaire Khashoggi
Sur les réseaux sociaux, les internautes tunisiens ont réagi à la visite avec le hashtag « #LaAhlaWaLaSahlaBikaFiTounès » (« Tu n’es pas le bienvenu en Tunisie »). Des organisations, dont le SNJT, la Ligue des droits de l’homme ou encore l’ATFD ont appelé à manifester contre sa venue, lundi après-midi dans le centre de Tunis. D’autres, comme l’Union générale des étudiants tunisiens (UGET) de Sfax, ont appelé à manifester à Tunis et à Sfax mardi matin.
Une indignation qui trouve ses origines dans l’affaire Khashoggi, journaliste saoudien opposant au régime, qui a été tué dans des conditions obscures au consulat saoudien d’Istanbul. Si l’enquête est encore en cours, la thèse d’une responsabilité du royaume saoudien dans le meurtre du journaliste est largement soutenue.
>>> À LIRE – Affaire Khashoggi : l’onde de choc
Le timing de la tournée diplomatique n’est toutefois pas surprenant, selon Didier Billion, chercheur spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) : « Le dirigeant saoudien a obtenu mardi dernier [le 20 novembre, ndlr] le soutien de Donald Trump. L’Union européenne n’a pas non plus mis des sanctions à exécution. De plus, des sources proches du palais rapportent que son père [le roi Salman, ndlr] aurait réaffirmé son appui à la succession de MBS au trône », explique le spécialiste. « C’est donc désormais au niveau local que la reprise de la course au leadership doit se jouer. »
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