Dictateurs en liberté

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Charles Taylor n’est pas le seul chef d’État à être poursuivi par la justice. L’ancien président tchadien Hissein Habré, réfugié depuis 1990 au Sénégal, fait l’objet d’une demande d’extradition de la part de la Belgique, à la suite d’une plainte déposée contre lui dans un tribunal du royaume pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. En novembre 2005, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Dakar s’est déclarée incompétente pour se prononcer sur son extradition. En janvier, les chefs d’État de l’Union africaine (UA), réunis en sommet à Khartoum, ont décidé de créer une commission spéciale de juristes chargée d’étudier son cas. Elle devrait faire des propositions au prochain sommet, qui se tiendra en juillet 2006 à Banjul (Gambie). Certitude déjà acquise chez les dirigeants du continent : Hissein Habré ne sera pas jugé hors d’Afrique. Les plaignants belges craignent donc qu’il n’échappe purement et simplement à la justice, car l’hypothèse, évoquée par certains chefs d’État, de mettre en place une juridiction panafricaine demanderait un processus long, difficile et coûteux.
Également tombé sous le coup d’un mandat d’arrêt international, l’ancien chef de l’État éthiopien Mengistu Haïlé Mariam vit actuellement de façon très discrète au Zimbabwe. Surnommé le « Négus rouge », il est arrivé au pouvoir à la suite du coup d’État militaire d’août 1974 qui a renversé l’empereur Haïlé Sélassié. Marxiste pur et dur, Mengistu a institué un régime dit révolutionnaire de 1974 à 1991, en réalité une dictature sanglante. Aujourd’hui accusé de génocide et de crimes contre l’humanité, il est jugé par contumace à Addis-Abeba dans un procès ouvert, depuis décembre 1994, pour juger les tenants de la « terreur rouge » (1977-1978), période au cours de laquelle des dizaines de milliers d’Éthiopiens ont été tués ou portés disparus. Mais l’Éthiopie n’a pas encore officiellement réclamé son ancien dirigeant au président zimbabwéen Robert Mugabe.
Seul chef d’État africain, ancien dictateur, à être passé devant les juges de son pays : le Malien Moussa Traoré, condamné à mort en 1993 pour « crimes politiques » et en 1999 pour « crimes économiques ». Sa peine a été commuée en détention à perpétuité par Alpha Oumar Konaré, alors président. Tout aussi hostile à la condamnation suprême que désireux de refermer la triste parenthèse, ce dernier l’a finalement gracié en 2002. Moussa Traoré vit ses derniers jours au Mali.

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