Assaut contre Jéricho : une faute politique

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

La victoire des islamistes du Hamas, le 25 janvier dernier lors des élections législatives palestiniennes, ne dérangeait pas outre mesure Ehoud Olmert. Les terroristes du Hamas au pouvoir : voilà qui renforçait la logique unilatéraliste, voilà qui neutralisait davantage encore (mais est-ce même possible ?) George W. Bush, Tony Blair et les Européens dans leur volonté affichée d’établir au plus vite un État palestinien. C’est dans ce contexte qu’il faut analyser l’assaut mené par l’armée israélienne contre la prison de Jéricho.

Qu’un gouvernement ait voulu s’assurer le contrôle de celui – Ahmed Saada, secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) – qui a ordonné l’assassinat, en 2001, d’un ministre israélien d’extrême droite favorable au « transfert » de toute la population palestinienne vers les pays arabes… On peut l’entendre ; qu’Olmert affirme être passé à l’action parce qu’il savait que le gouvernement Hamas était sur le point de libérer Saada, par ailleurs élu député, on peut là encore, à la rigueur, l’entendre. Mais la méthode, et les images, surtout… En neuf heures d’assaut, Ehoud Olmert et ses principaux ministres fournissaient une preuve inquiétante qu’ils n’avaient rien compris à ce qu’il se passait à proximité de chez eux… En Irak.

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Terribles images que ces prisonniers palestiniens sur le point d’être embarqués dans des bus, en caleçon et torse nu. L’humiliation se lit sur leurs visages, l’humiliation d’être en quelque sorte déshumanisés. Pourquoi, en effet, les présenter ainsi dévêtus aux photographes ? Pourquoi cette volonté de les rabaisser alors que les souvenirs de la prison d’Abou Ghraib, en Irak, hantent encore l’imaginaire de la rue arabe ? Pourquoi cette faute psychologique et donc politique ?

Parce qu’Ehoud Olmert, et c’est une crainte supplémentaire pour l’avenir, reprend volontiers à son compte une part de l’arrogance bushiste, cette certitude d’être dans « son droit », cette conviction partagée que les Arabes, décidément, ne sont pas civilisés et qu’il est indispensable aussi de les traiter à la schlague. D’où cette scène ahurissante des hommes en caleçon. Les Palestiniens ne sont pas près de l’oublier.

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