[Tribune] Je n’ai pas de problèmes particuliers avec la Commission de l’Union africaine
Depuis le mois de janvier, la Commission de l’Union africaine (UA) refuse de reconnaître la réélection de Francine Muyumba à la tête de l’Union panafricaine de la jeunesse (UPJ). Un scrutin qui aurait été, selon l’UA, entaché d’irrégularités. Ce que la Congolaise et son comité réfutent.
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Francine Muyumba
Francine Muyumba est présidente de l’Union panafricaine de la Jeunesse (UPJ).
Publié le 29 novembre 2018 Lecture : 4 minutes.
Ce mois de novembre, l’Afrique célèbre, comme tous les ans, la Journée africaine de la jeunesse. C’est l’occasion pour moi, en tant que présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse (UPJ), de me féliciter du travail abattu ces quatre dernières années. Avec le comité exécutif de l’UPJ, nous avons en effet réussi à faire entendre la voix de la jeunesse africaine et nous continuons de le faire jusqu’au terme de notre actuel mandat, d’ici deux ans. Suivant des objectifs clairs, nous avons entre autres obtenu de l’Union africaine (UA) la création du Fonds africain de la jeunesse à l’issue du sommet des chefs d’État et de gouvernement de juillet 2018.
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Mais en réalité, l’UPJ existe depuis 1962. Elle a été créée par les pères fondateurs, notamment Kwame Nkrumah, Sékou Touré et autres. Elle s’appelait alors « mouvement panafricain de la jeunesse » et s’était assignée la mission de continuer la lutte pour le bien-être des Africains, particulièrement des jeunes Africains. Comme tous les autres mouvements de lutte pour l’indépendance sur le continent, notre structure a contribué ainsi à la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), rebaptisée depuis UA. Mais c’est seulement en janvier 2009, lors du sommet des chefs d’État à Addis Abeba, que les dirigeants africains ont pris la décision d’octroyer à l’UPJ le statut d’organe continental de coordination des organisations des jeunes et celui de l’agence focale de l’UA en matière de la jeunesse.
Malentendus avec l’Union africaine
Aujourd’hui, au sein de l’UPJ, nous sommes préoccupés par la situation de la jeunesse africaine sur l’ensemble du continent. Des jeunes y vivent dans la misère, avec l’un des taux de chômage les plus élevés du monde. Cette situation pousse certains d’entre eux à partir. Peu importe s’il faut passer par des voies illégales. C’est pourquoi, lors du sommet Afrique-Europe sur la jeunesse, en octobre 2017, nous invitions déjà les dirigeants de deux continents à investir dans l’entrepreneuriat des jeunes du continent. Cette plaidoirie était suivie quelques mois plus tard par l’initiative du président français, Emmanuel Macron, d’initier trois projets relatifs à l’épanouissement de la jeunesse africaine. Coût total : 11 milliards de dollars américains, dont 50 millions ont été attribués à la jeunesse tunisienne.
Mais le financement de nos actions demeure l’un de nos défis majeurs au sein de l’UPJ. Pour continuer à remplir sa mission, notre structure en appelle à plus de soutien des États dans le cadre de l’appui financier de l’UA dont elle ne bénéficie plus depuis six ans. Ce dernier est pourtant une recommandation de l’Assemblée des chefs d’État de juillet 2001. Aujourd’hui, les 13 membres de son comité exécutif – deux par région du continent et deux représentants de la diaspora – sont tous pris en charge par leurs États respectifs. En ce qui me concerne, sans appui du gouvernement de mon pays la RDC, il m’aurait été impossible de faire efficacement mon travail et de porter haut la voix de la jeunesse africaine.
L’UA a été induite en erreur par certaines personnes qui voulaient intégrer l’institution par tous les moyens
Autres couacs : les malentendus entre l’UPJ et la Commission de l’UA. Ceux-ci remontent à notre cinquième congrès de décembre 2017, à l’issue duquel j’ai été réélue au poste de présidente de notre structure. Mais la Commission de l’UA s’est refusée dès le mois de janvier à reconnaître le nouveau comité exécutif de l’UPJ. De fait, elle a été induite en erreur par certaines personnes qui voulaient intégrer l’institution par tous les moyens.
Fin octobre, à Alger, des ministres en charge de la jeunesse de différents États membres de l’UA ont demandé à la Commission de mettre fin à cette incompréhension et je m’en réjouis, parce que je n’ai pas de problèmes particuliers avec la Commission de l’UA. Nous appartenons tous à la même famille : nous ne manquerons donc pas de trouver des voies et moyens pour revoir la collaboration entre la Commission et l’UPJ et renforcer ainsi l’organisation continentale. D’ailleurs, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission, vient de nommer un envoyé de l’UA pour la jeunesse. Ce dernier est un fonctionnaire de la Commission et conseiller direct de son président en matière de la jeunesse. C’est une bonne nouvelle car c’est l’une des recommandations de l’UPJ et des ministres en charge de la jeunesse du continent depuis 2016.
L’UPJ, organe consultatif des gouvernements africains
De son côté, l’UPJ réaffirme son soutien à la réforme de l’UA telle que pilotée par Paul Kagame, président du Rwanda. Elle salue les efforts déployés dans ce sens par Moussa Faki Mahamat et espère obtenir une direction en charge de la jeunesse au sein de la Commission, comme c’est déjà le cas pour les questions liées au genre. L’UPJ s’apprête également à de grandes réformes institutionnelles, conformément au rapport de la première réunion de son comité exécutif. Des changements pourraient bientôt intervenir pour lui permettre notamment de faire face aux insuffisances juridiques des textes légaux de l’institution et de se conformer aux exigences de la réforme de l’UA.
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Dans cette perspective, au cours de l’année 2019, plusieurs jeunes compétents du continent seront nommés pour plus d’inclusivité au sein de l’UPJ, mais aussi pour couvrir les actions de celle-ci sur l’ensemble du continent. Regroupant tous les conseils nationaux de la jeunesse des États membres de l’UA et reconnu comme organe consultatif des gouvernements africains en matière de jeunesse, conformément à la Charte africaine de la jeunesse, l’UPJ continuera ainsi à plaider en faveur de plus de participation des jeunes dans la gouvernance sur le continent.
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