Procès du putsch au Burkina : Gilbert Diendéré met en cause les chefs de l’armée

Au troisième jour de sa comparution dans le procès du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso, le général Gilbert Diendéré a mis en cause les chefs de l’armée qui ont témoigné contre lui le 28 novembre devant le tribunal militaire de Ouagadougou.

Le général Gilbert Diendéré à l’aéroport de Ouagadougou, le 18 septembre 2015. © Theo Renaut/AP/SIPA

Le général Gilbert Diendéré à l’aéroport de Ouagadougou, le 18 septembre 2015. © Theo Renaut/AP/SIPA

Publié le 28 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

« Ils ne devaient pas venir en tant que témoins mais avec une autre qualité (…). Leur place est à côté de nous, dans le box des accusés », a lancé à la barre le général Gilbert Diendéré, présenté comme le cerveau du coup d’État, mais qui le nie farouchement.

Ancien chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité d’élite de l’armée qui a perpétré le coup d’État, Diendéré est accusé d’atteinte à la sûreté de l’État, trahison et meurtres, lors du putsch manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés en septembre 2015.

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Au total 84 accusés sont jugés par un tribunal militaire à Ouagadougou depuis le début du procès en février, dont un autre général, Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères, également présent au procès.

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Toujours vêtu de son treillis militaire, piochant des documents dans une pile de dossiers à côté de lui, Gilbert Diendéré a estimé que toute la hiérarchie militaire était impliquée dans le coup d’État, comme l’ancien chef d’état-major général, le général Pingrenoma Zagré, et le secrétaire général du ministère de la Défense nationale, le colonel-major Alassane Moné.

Alors que le parquet lisait les déclarations de ces responsables qui l’accablent, le général a riposté, s’exprimant d’un ton ferme : « Ils ont eu le temps d’harmoniser leurs déclarations. Dans un premier temps, la hiérarchie militaire a été convoquée par le juge d’instruction mais ils ont refusé de se présenter. Il a fallu la pression populaire pour qu’ils se présentent plus de six mois après ».

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« Moi, j’assume »

« Ces camarades de la hiérarchie militaire, ce sont mes promotionnaires que je connais très bien, jusqu’à leur matricule », a rappelé le général. « Moi, j’assume pleinement ma responsabilité, mais j’estime que pour une justice équitable, pour (rendre) justice à ceux qui sont morts, blessés, il aurait fallu que certaines personnes soient à cette barre », a déclaré Gilbert Diendéré, devant une salle seulement au trois-quarts pleine, alors que le public l’avait prise d’assaut lundi et mardi.

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La tentative de putsch, survenue moins d’un an après la chute du président Blaise Compaoré, qui dirigeait le pays depuis 1987 et qui a été renversé par une insurrection populaire, avait accentué la fracture au sein de la société burkinabè.

L’homme de l’ombre

Gilbert Diendéré, surnommé « Golf » par les Burkinabè, a été pendant trois décennies, dans l’ombre, l’un des hommes forts du Burkina, bras droit de Blaise Compaoré. Il fut notamment le chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, dont il a dirigé sa garde prétorienne et était considéré comme un maître-espion dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Le général a catégoriquement nié lundi être à l’origine du coup de force raté de 2015, bien qu’il ait pris la tête du Conseil national pour la démocratie, organe dirigeant des putschistes, avant de rendre le pouvoir face à la pression populaire et à l’armée loyaliste. Mardi, il a déclaré ignorer qui a commandité le putsch.

Depuis le début du procès, plusieurs sous-officiers qui ont perpétré le coup d’État l’ont cependant désigné lors de leurs comparutions comme le chef des putschistes.

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