Cameroun : l’opposant Maurice Kamto appelle à des journées « villes mortes » en zone francophone

Le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, a invité les populations des régions francophones à observer une demi-journée sans activité par semaine, afin d’amener le gouvernement à prendre des « mesures significatives » pour la résolution de la crise anglophone.

Maurice Kamto, dans son QG de campagne le 8 octobre à Yaoundé. © REUTERS/Zohra Bensemra

Maurice Kamto, dans son QG de campagne le 8 octobre à Yaoundé. © REUTERS/Zohra Bensemra

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 28 novembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Maurice Kamto a lancé un appel aux Camerounais à « observer une demi-journée sans activités, villes et villages morts, tous les lundis à partir de 13 h ». Le candidat à la présidentielle camerounaise, qui continue de contester les résultats du Conseil constitutionnel qui a donné le président sortant Paul Biya vainqueur, précise vouloir lancer cette action pour montrer la « solidarité et l’indignation des francophones face au sort de leurs frères et sœurs des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».

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« Je voudrais souligner que ce qu’il se passe dans cette partie de notre pays nous concerne tous directement », a-t-il notamment lancé dans une vidéo de 30 minutes postée sur les réseaux sociaux lundi 26 novembre.

Maurice Kamto plaide pour une amnistie générale

Selon l’opposant camerounais, les actions prises par les autorités depuis le déclenchement de la crise ne sont pas de nature à mettre fin aux violences, qui vont grandissantes dans ces régions. « Le pouvoir de Yaoundé a privilégié, depuis le début du conflit, le recours aux armes, ce qui ne contribue qu’à exacerber la situation. En raison de ses défaillances en matière de gouvernance, il devient de plus en plus clair que ce pouvoir a perdu toute crédibilité pouvant lui permettre d’apporter l’apaisement nécessaire et de résoudre ce problème », estime l’opposant.

Maurice Kamto propose à cet effet une série de solutions qui, selon lui, peuvent mettre fin aux hostilités sur le terrain. Il s’agit notamment « d’un cessez le feu immédiat », la mise en place « d’un processus de désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants insurgés », ainsi que de mesures pour permettre le retour des déplacés internes et réfugiés. « Je demande une amnistie générale de toutes les personnes impliquées dans ce conflit, assortie d’une libération des personnes détenues dans ce cadre », ajoute-t-il.

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Arrivé derrière Paul Biya à la présidentielle avec 14,23% des voix, Maurice Kamto affirme également que « des initiatives sont prises en direction de la communauté internationale pour arrêter le conflit et les atrocités qu’il entraîne ». L’opposant, qui revient d’un séjour à Addis Abeba où il s’est rendu pendant les assises du 11e sommet extraordinaire de l’Union Africaine, n’a pas indiqué la natures desdites initiatives.

La crise anglophone, champ de bataille politique

Passée l’étape de la présidentielle, la crise anglophone est devenu le nouveau terrain de bataille des opposants camerounais. Au lendemain de la proclamation des résultats, le candidat du SDF Joshua Osih avait ainsi annoncé qu’il s’engagerait à « aider à trouver une issue à la guerre que connaît une partie importante du pays». Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Akere Muna a pour sa part énumérer une série de solutions, annonçant sa participation à la conférence générale des anglophones initiée par le cardinal Tumi.

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En appelant à des opérations « villes mortes », Maurice Kamto recourt à un symbole des revendications socio-politique des anglophones. Ce mode d’expression a en effet été observé sans discontinuer dans cette partie du Cameroun, tous les lundi depuis le mois de décembre 2016, devenant la pierre angulaire de la crise qui secoue le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun. Dans certains cas, il a été imposé aux populations par les activistes sécessionnistes qui promettent des représailles contre quiconque ne le respecterait pas.

Dans son appel, Maurice Kamto affirme que la demi-journée sans activité n’est qu’une première étape, et promet d’aller plus loin. « Du 1er au 15 janvier 2019, si aucune mesure significative n’est prise pour résoudre la crise anglophone par le pouvoir, la durée des villes et villages morts sera étendue à une journée entière, tous les lundi comme dans les régions anglophones », menace-t-il.

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