Ahmed Faras

Ancien footballeur marocain

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 3 minutes.

Entre 1970 et 1994, un aréopage de journalistes africains réunis par l’hebdomadaire France Football désignait chaque année le « Ballon d’or africain ». Au palmarès figurent des noms aussi illustres que ceux du Malien Salif Keita, des Camerounais Roger Milla et Thomas N’Kono, des Algériens Lakhdar Belloumi et Rabah Madjer, du Libérien George Weah et du Ghanéen Abedi Pelé. Le Marocain Ahmed Faras a pour sa part été couronné en 1975. Dans les années 1967-1979, beaucoup voyaient en lui l’héritier de l’immortel Larbi Ben Barek ou du grand Hassan Akesbi. Pourtant, sur le terrain, son style ne rappelait guère celui de ses prestigieux compatriotes. Leur seul point commun, c’était la classe.
Faras était de la race des buteurs, solide, bien planté sur ses jambes, doté d’une bonne frappe de balle et d’un jeu de tête efficace. Mais il s’en distinguait par son jeu « en pivot ». C’était aussi un relayeur, un pourvoyeur d’occasions au profit de ses coéquipiers. Il ne courait pas forcément très vite, mais la promptitude de ses gestes était déroutante pour ses adversaires. À l’instinct du buteur, il ajoutait le flair et la subtilité.
Sélectionné avec les Espoirs marocains en 1965, Faras rejoint l’année suivante l’équipe nationale A. Il ne la quittera qu’en 1979. Il est de toutes les campagnes : jeux Méditerranéens de Tunis (1967) et d’Izmir (1972), jeux Olympiques de Munich (1972), Coupes d’Afrique des nations au Cameroun (1972), en Éthiopie (1976) et au Ghana (1978), Mundial 1970 au Mexique (il n’est que remplaçant). Le 14 mars 1976 à Addis-Abeba, il est sacré champion d’Afrique. Ce sera son seul titre continental.
Son talent et son efficacité sauvent souvent l’équipe du Maroc de la médiocrité. « Faras, c’est le grand monsieur du football national », admire Ben Barek. L’avis d’un connaisseur. « Il est de la lignée des joueurs qui ont fait le renom du football marocain. Il est le favori du public. Qu’il ne cherche pas à en devenir l’idole. Il doit rester le meilleur, garder la tête sur les épaules et continuer à progresser », renchérit Akesbi.
En Afrique, sa réputation de goleador franchit les frontières. Du coup, il devient une cible : coups bas et tacles assassins sont désormais son lot. Mais Faras est un gentleman, il ne se rebiffe jamais. En 1973, à Kinshasa, le stoppeur zaïrois Tshimen Bwanga l’agresse froidement lors d’un match décisif, le privant de la Coupe du monde 1974. Quatre ans plus tard, lors des qualifications pour le Mundial argentin, le Maroc affronte la Tunisie et son gardien mythique, Sadok Attouga. Celui-ci détourne le tir de Faras, le Maroc est éliminé. Les deux hommes se retrouveront très souvent face à face au cours des années suivantes. Le duel au sommet entre le meilleur avant-centre et le meilleur gardien de but du Maghreb déçoit rarement.

En 1979, Faras a 33 ans. Le 9 décembre, à l’issue d’une sévère défaite (1-5) face à l’Algérie, à Casablanca, il décide de tourner la page. À son actif : 42 buts pour le compte de la sélection nationale. Mais s’il abandonne la scène internationale, il reste fidèle au Chabab de Mohammedia, son club de toujours, où, aux côtés de Driss Haddadi et d’Hassan Amcharat Acila, il peut donner libre cours à sa passion pour le beau jeu et l’attaque. Avec le Chabab, il gagne la Coupe du Trône en 1975 et remporte le championnat en 1981. L’année suivante, il prend sa retraite, à 36 ans. Il devient entraîneur, mais rend son tablier au bout de deux saisons. Désormais, il se consacrera exclusivement à la formation des jeunes.
Employé à la Société anonyme marocaine d’industries de raffinage (Samir), Ahmed Faras mène dans sa ville natale une vie tranquille de citoyen ordinaire et de père de famille. Il ne sortira de sa réserve, à quatre reprises (1998, 1992, 2000 et 2004), que pour soutenir la candidature du Maroc à l’organisation de la Coupe du monde. On ne se refait pas !

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