Adieu aux armes ?

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

L’organisation séparatiste basque ETA a décrété le 22 mars un cessez-le-feu permanent. En 1988 et 1998, déjà, des annonces semblables avaient été faites, mais, faute d’un accord avec les autorités espagnoles sur les institutions et le retour à la paix civile, la violence avait repris. Cette fois sera-t-elle la bonne ? La nouvelle a été accueillie avec un optimisme prudent par le Premier ministre José Luis Zapatero.
Depuis 1968, les attentats de l’ETA ont fait au total 817 morts. Le gouvernement espagnol a alterné durcissements et concessions, jouant de l’impopularité du mouvement dans le reste de l’Espagne pour marquer des points en politique intérieure. C’est ainsi que l’ex-Premier ministre José María Aznar a cru tirer avantage des attentats de Madrid du 11 mars 2004 en les imputant d’emblée à l’ETA ; ce coup de bluff lui a sans doute coûté les élections législatives qui ont suivi. Mais, dans le même temps, une sorte d’union sacrée s’est constituée dans l’ensemble du pays pour rejeter le recours à la violence.
C’est donc une ETA affaiblie qui s’est résolue à proclamer un cessez-le-feu. Condamnée par l’opinion pour sa violence aveugle et ses dérives mafieuses, malmenée par les succès de la coopération des polices française et espagnole qui a permis l’arrestation de plus de 800 etarras, l’organisation a perdu l’essentiel de sa légitimité, la majorité des Basques semblant se satisfaire d’un statut de large autonomie.
En mai 2005, le Parlement espagnol a autorisé le gouvernement à ouvrir des négociations à condition que le mouvement séparatiste s’engage à mettre un terme définitif à la violence. Les termes utilisés par ETA – « cessez-le-feu permanent » – sont légèrement en retrait. À lire les premières réactions des partis d’opposition et des associations de victimes du terrorisme basque, on comprend que la bataille politique qui attend Zapatero sera rude.
Dans un premier temps, il lui faudra choisir son interlocuteur : soit le parti autonomiste non-violent, soit Batasuna, l’aile politique d’ETA, interdite depuis 2003. Il n’est pas exclu que cette question ait été tranchée au cours de contacts informels préalables à l’annonce du cessez-le-feu. Les principaux points à discuter sont l’organisation d’un référendum institutionnel fixant l’ampleur du statut d’autonomie, le dépôt des armes, la renonciation définitive à la violence, le regroupement des prisonniers dans des prisons basques et la proclamation d’une amnistie partielle.
Si l’ETA paraît désormais acquise à l’idée d’autodétermination, les discussions relatives aux prisonniers s’annoncent délicates. Et politiquement dangereuses pour Zapatero. Elles seront suivies à Paris avec la plus grande attention, toute concession de l’Espagne risquant d’avoir des retombées de l’autre côté de la frontière. Cent soixante etarras sont actuellement détenus dans ce pays.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires