Yuma, ou la vie en chansons

Après avoir sorti son premier album, la jeune artiste équatoguinéenne a entamé une tournée dans les grandes villes d’Espagne.

Publié le 28 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Pantalon taille basse, basket, tee-shirt, Yuma aime à porter des tenues fidèles à ses influences musicales. Une volonté d’afficher une grande décontraction qui ne parvient pas, malgré tout, à refréner un tempérament bouillonnant et inquiet. Ce petit bout de femme énergique d’un peu plus d’1 m 50 vient de sortir son premier album, La Vida es tranki. Douze titres aux influences rap et groove réalisés en collaboration avec des artistes plus capés dont Monsieur Lézard, chanteur reggae de la banlieue parisienne, et El Hermano L., artiste hip-hop ibérique.
La jeune chanteuse de rap, R&B et ragga, qui passe une grande partie de son temps en Espagne, cherche une consécration européenne. Elle sait qu’elle joue une partie de son avenir dans les prochains mois. À 25 ans, Yuma a débuté en février une tournée qui doit la mener dans les grandes villes d’Espagne avant de continuer en avril dans d’autres pays d’Europe.
L’artiste a eu le temps de roder son spectacle en fin d’année devant son public équatoguinéen, enflammant la jeunesse lors de deux concerts à l’Institut culturel d’expression française (Icef) et au Centre culturel espagnol, tous deux à Malabo. « Elle a fait un tabac. Je n’ai jamais vu une foule aussi nombreuse en deux ans », témoigne Pascal Lefrançois, le directeur de l’Icef. À tel point que le « mécène » français a dû interrompre les rappels de peur que le plancher de la petite scène dédiée aux concerts et représentations théâtrales ne s’écroule sous le poids du public, invité à rejoindre l’artiste pour les dernières chansons.
Un show pour lequel Yuma s’est fait accompagner de ses amis rappeurs et pour lequel elle n’a pas lésiné sur les tenues – jupe noire très courte et chandail en laine ; robe à paillettes, foulard de corsaire ; robe longue de vamp largement fendue – qu’elle a portées successivement au fil des morceaux. De quoi séduire des ados qui n’ont pas souvent l’occasion d’être à pareille fête dans un pays où les initiatives culturelles de ce type ne sont pas légion. L’engouement fut tel que les chansons diffusées à la radio nationale ont été piratées et sont revendues depuis sous le manteau.
Née à Evinayong en 1980, Yolanda Ayingono est très vite tombée dans la musique. Son père chanteur et sa mère choriste lui donnent l’envie dès 7 ans de s’inscrire à la chorale de l’église de Tomasy. Un an plus tard, elle devient directrice du chur des enfants. À 9 ans, Yuma forme un petit groupe – Añapse – avec des amis de son quartier avant d’enregistrer, à 14 ans, ses toutes premières chansons, des chants gospel et africains. Quelques mois plus tard, elle part rejoindre sa mère à Madrid. En peu de temps, elle s’ouvre à d’autres influences comme le R&B et le rap, écrivant ses textes et composant certaines chansons au clavier.
« J’ai chanté dans différents groupes sans parvenir à m’identifier à ceux-ci. Pour progresser, je suis donc parti à Barcelone où j’ai commencé à travailler avec le label Rythm and Flow qui assure la promotion de jeunes artistes hip-hop et ragga », précise Yuma. C’est là qu’elle y affirme son style avec des touches de musique africaine.
Un début de consécration arrive en 2004. Elle enregistre un single sur un rythme appelé « Black Rain », produit par Chulito Camacho, avant de sortir une compilation rap avec d’autres artistes. Puis est venu son premier album.
Yuma ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, elle a plein d’idées en tête, qu’elle ne pourra réaliser qu’à son retour. « Pour composer, je reste souvent enfermée pendant un mois dans ma chambre avec des livres et des films et ne sors que pour aller chercher de quoi me nourrir à l’épicerie », plaisante-t-elle.

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