Splendeur impériale

Capitale de l’archipel jusqu’en 1868, Kyoto est réputée pour la splendeur de ses palais, de ses temples et de ses jardins. Suivez le guide…

Publié le 28 février 2006 Lecture : 4 minutes.

Parce qu’elle regorge de trésors inestimables, Kyoto, deuxième ville de l’archipel, est considérée comme le joyau culturel du pays. Fondée en 794 sous le nom d’Heian-Kyo (capitale de la paix et de la tranquillité), elle fut la capitale du Japon jusqu’en 1868. Blottie au creux d’une plaine située au centre de l’île d’Honshû, l’agglomération, bordée par un relief élevé, fut construite suivant un plan en damier à l’instar de Chang-an, ville chinoise de la dynastie Tang. Avec ses deux mille temples, ses palais, ses jardins et son architecture, Kyoto a toujours inspiré les poètes et les peintres, nombreux à venir y chercher le souffle créateur.
Pourtant, la ville, qui compte quatorze temples et sanctuaires inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité établi par l’Unesco, s’est retrouvée bien des fois au bord de l’abîme. Elle fut détruite à plusieurs reprises par des tremblements de terre, des incendies et une décennie de luttes intestines, la guerre d’Onin (1467-1477). Kyoto a même failli être rasée en 1945 par une bombe atomique. Cernée de montagnes qui auraient pu amplifier l’impact de l’explosion, la ville était une cible idéale. Elle aurait été épargnée, dit-on, grâce à des conseillers du président Truman qui, conscients de sa richesse culturelle, craignaient que sa destruction n’empêche à tout jamais une réconciliation ultérieure.
L’agglomération kyotoïte d’aujourd’hui semble bien loin de ces préoccupations. Deuxième ville universitaire du Japon, elle compte 1,46 million d’habitants et continue à évoluer avec son temps tout en préservant son histoire et ses traditions.
Flâner dans ses petites rues tout en admirant ses jardins exquis reste le meilleur moyen de visiter l’ancienne capitale impériale. À ne pas manquer, le quartier de Gion, réputé pour être celui des geishas (l’art des geishas n’est enseigné qu’à Kyoto), mais aussi le lieu idéal pour découvrir le théâtre et les arts traditionnels. En effet, célèbre dans tout le Japon pour la qualité de son artisanat, la ville demeure le premier centre de fabrication de kimonos japonais.
Le marché couvert Nishiki vaut aussi le détour pour ses couleurs, ses odeurs alléchantes et ses étals qui croulent sous les mets typiques du pays. Surnommée « la cuisine de Kyoto », cette longue allée que l’on se doit de dévorer des yeux est connue pour fournir en ingrédients une grande partie des chefs cuisiniers de la ville. On y trouve de tout. Pickles japonais, tofu, poissons frais ou séchés, crustacés, viande, légumes, sucreries, épices, thés Plusieurs échoppes proposent de délicieuses spécialités à avaler sur le pouce, tels ces fameux beignets fourrés au poulpe ou à la pâte de haricots rouges, brochettes teriyaki, bols de nouilles et huîtres grillées au feu de bois.
Kyoto comprenant de nombreux temples, il serait dommage de négliger ces imposants monuments qui ont résisté au temps. Nishi et Higashi Hongan-ji, avec leurs portes immenses, leurs autels couverts de fleurs et leurs somptueuses traverses sculptées, témoignent du pouvoir et de la popularité du bouddhisme Jodo-Shinsu. À privilégier aussi, le temple Toji, créé en 796 par Kukai, poète, calligraphe et sculpteur à l’uvre pléthorique. On peut y admirer des statues vieilles de 1 200 ans, sculptées chacune dans un bloc de bois. La pagode du Toji, emblème de la ville, est la plus haute structure de bois du Japon, avec ses 55 mètres de haut. Reconstruite en 1644, elle abrite les statues de quatre bouddhas et de leurs disciples.
Autre étape recommandée, celle du Parc impérial, pour ses jardins sublimes, élaborés en 1630 par le shogun Tokugawa et ses pins majestueux. Enfin, il serait impensable de quitter Kyoto sans avoir visité le Nijô-jo, l’ancien palais des shoguns Tokugawa, chefs militaires de 1600 à l’ère Meiji. Ce gigantesque château-forteresse n’est pas seulement célèbre pour ses douves, ses portes monumentales et ses pièces secrètes où se dissimulaient des gardes du corps. Il est aussi réputé pour ses salles au décor exceptionnel et ses planchers conçus pour trahir les intrus en émettant volontairement un craquement au moindre pas. On peut admirer, dans les appartements du Shogun, des paravents richement décorés, dont certains sont l’uvre de Kanô Tanyû (1602-1674) et de son école de peinture. Incontournables aussi, les salles de réception de Ninomaru, ensemble de groupes de bâtiments reliés par des passages couverts de bois.
Kyoto n’est pas seulement riche en trésors culturels. Sa cuisine raffinée est également un motif d’orgueil pour ses habitants. Ses nombreux restaurants, dont certains ornés de lanternes rouges, titillent les papilles du visiteur en affichant des reproductions en résine de leurs spécialités dans leur vitrine.
On y déguste tempura de fruits de mer et de légumes, saumon grillé et salé, huîtres frites, sushi, calamar grillé, barbecues sur table et autres spécialités locales. Un impératif : préférer les établissements dont les menus et les prix sont affichés. Si aucun prix n’est indiqué, c’est qu’il s’agit probablement d’un restaurant haut de gamme, et l’addition se révélera extrêmement salée
Et pour ceux qui souhaitent revivre l’élégante époque des daimyos (administrateurs-guerriers de haut rang de l’époque médiévale), une nuit dans un ryokan s’impose. En effet, les coutumes ancestrales sont encore respectées dans ces auberges traditionnelles, où le sol de la chambre est recouvert de tatami en paille de riz. On y dort sur un futon déroulé avant la nuit par la femme de chambre et on peut en prime profiter du bain commun japonais, sorte de jacuzzi bien chaud, parfait pour se détendre. Si Kyoto a perdu son titre de capitale du Japon, elle n’en est pas moins l’ambassadrice d’un art de vivre qui n’appartient qu’à elle.

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