Mexique : livres et tequila

Publié le 28 février 2006 Lecture : 1 minute.

A propos du jazz, Frank Zappa dit : « Ce n’est pas qu’il soit mort, mais il paraît un peu bizarre. » On peut en dire autant de l’industrie éditoriale mexicaine. Ce n’est pas un hasard si l’une des principales maisons d’édition indépendantes s’appelle Sexto Piso (Sixième Étage), allusion à la hauteur idéale pour se suicider.

Une bonne partie des maisons d’édition du pays a été vendue à de très grands groupes à capital européen ou japonais et gestion espagnole ou allemande. Même si certaines entreprises éditoriales perdurent mues par une passion mohicane (Cal y Arena, Siglo XXI, Era, Aldus), c’est dans les revues que se jouent les cartes décisives de la littérature mexicaine.

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Les foires du livre et les tumultueuses présentations de nouveautés confirment qu’au Mexique la fête est une variante fondamentale de la vie. Mais les livres se vendent peu (500 000 acheteurs pour 100 millions d’habitants). Par ailleurs, comme les librairies et les bibliothèques sont rares, le livre devient un produit comme la tequila, avec appellation d’origine : 80 % des ventes se font dans le sud de la ville de Mexico.
Ce qui explique un paradoxe : l’écrivain a une importante présence sociale, en bonne partie parce qu’il est peu lu. Ses déclarations ont toujours plus d’impact que son uvre.

Notre littérature prospère comme le football aux États-Unis : l’absence de public n’empêche pas les prouesses. Certaines sont récentes : le roman Lodo (« Boue ») de Guillermo Fadanelli, les nouvelles d’Eduardo Antonio Parra et de Fabio Morábito, les chroniques de Carlos Monsiváis sur le tremblement de terre de 1985 et de Fabrizio Mejía Madrid sur l’apocalypse urbaine de chaque jour.

Le Mexique combine les turbulences sociales et la vitalité culturelle. Dans le film Le Troisième Homme, Orson Welles dit que la stabilité et la paix de la Suisse n’ont produit que le coucou tandis que les intrigues et la corruption italiennes ont produit la Renaissance. Face aux multiples désastres dont ils sont tous les jours témoins, les écrivains mexicains penchent plutôt du côté de la Renaissance.

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