Le mal court

Publié le 28 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Un peu plus de trois semaines après l’apparition des premiers cas de grippe aviaire dans le nord du Nigeria, la traque aux volatiles contaminés s’intensifie. Pour tenter de circonscrire une épizootie qui risque d’avoir des conséquences économiques et sociales désastreuses, le Sénégal a organisé les 22 et 23 février à Dakar une conférence d’experts au cours de laquelle une stratégie de lutte commune à l’Afrique de l’Ouest a été adoptée. La même, à vrai dire, que partout ailleurs dans le monde. Le président Abdoulaye Wade propose pour sa part de créer un comité régional de prévention et de riposte contre la grippe aviaire (Coagripa) et un laboratoire d’analyse.
La maladie s’est propagée à trois nouveaux États nigérians (Bauchi, Zamfara et Katsina) et à Abuja, la capitale fédérale. Plusieurs pays voisins, notamment le Niger et le Burkina, sont-ils également touchés ? Les autorités le contestent, mais rien n’est sûr. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’écarte pas l’hypothèse d’une transmission du virus à l’homme, une Nigériane étant décédée à la suite de problèmes respiratoires et trois de ces compatriotes présentant des symptômes identiques. Toutes ces personnes ont été en contact avec des élevages touchés par l’épizootie.
Un nouveau front s’est ouvert en Afrique du Nord avec l’apparition de foyers infectieux dans dix gouvernorats égyptiens. Ces cas n’auraient aucun lien avec ceux recensés au Nigeria. Chef des services vétérinaires de la FAO, le Dr Joseph Domenech incline plutôt à mettre en cause « les importations d’animaux en provenance du Moyen-Orient ». Un expert de l’organisation s’est rendu sur place pour aider les services vétérinaires locaux.
Hélas ! le « nerf de la guerre » sanitaire fait encore largement défaut. Sur les 2 milliards de dollars promis lors de la conférence de Pékin, en janvier, seuls quelques millions ont à ce jour été débloqués, dont 2 millions par la FAO et autant par la France. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont promis de décaisser, très vite, respectivement 40 millions et 10 millions de dollars pour le Nigeria. Tout cela reste sans doute insuffisant pour intensifier la lutte et indemniser les professionnels.
Partout sur le continent, les consommateurs boudent la volaille. Les autorités ne se montrent pourtant pas avares de déclarations rassurantes. La télévision marocaine, par exemple, est allée jusqu’à montrer le Premier ministre Driss Jettou attablé avec plusieurs responsables devant un grand plat de tajine au poulet ! Mais rien n’y fait. Sur les principaux marchés d’Afrique de l’Ouest, les ventes ont plongé de 50 % à 100 %. Ce qui incite les éleveurs à brader leurs produits pour s’en débarrasser au plus vite. Au Niger, le poulet se négocie entre 750 F CFA et 250 F CFA (1,10 euro et 0,40 euro), contre 1 500 F CFA auparavant.
Bien entendu, il est encore beaucoup trop tôt pour dresser un bilan économique sérieux de cette catastrophe sanitaire. Il faut faudra pour cela attendre que l’Afrique soit tirée d’affaire…

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