Assassinat d’Olof Palme

Publié le 28 février 2006 Lecture : 3 minutes.

« Sa disparition est une grande perte pour l’Internationale socialiste, le Tiers Monde et le socialisme démocratique. » À entendre les hommages de l’ancien chef de l’État sénégalais Léopold Sédar Senghor, mais aussi ceux du secrétaire général de l’ONU Javier Pérez de Cuellar ou du pape Jean-Paul II, au matin du 1er mars 1986, les plus hautes autorités politiques et morales de la planète ont été affectées comme rarement par la mort de l’un des leurs – en l’occurrence le Premier ministre suédois, Olof Palme. L’émotion qui touche alors le monde entier est telle que la Tanzanie va jusqu’à décréter dix jours de deuil national en hommage à ce chef d’un gouvernement étranger, décédé seulement quelques heures plus tôt…
La veille, 28 février 1986, peu avant minuit, Olof Palme sort d’un cinéma du centre-ville de Stockholm, accompagné de sa femme, Lisbeth. Tous deux marchent sur Sveavägen, l’une des plus grandes artères de la capitale suédoise, quand, soudain, le Premier ministre s’écroule. Un homme armé d’un 357 Magnum vient de tirer dans sa direction, le touchant mortellement de deux balles à l’estomac. Deux jeunes femmes assises dans une voiture à proximité du lieu du drame tentent de lui venir en aide, tandis qu’un chauffeur de taxi alerte les secours. En vain : Palme décède pendant son transfert à l’hôpital.

Son agresseur a pu prendre tout son temps pour aligner sa cible. Si Olof Palme avait pour habitude d’avoir deux gardes du corps dans le cadre de ses fonctions, il n’hésitait pas à sortir sans escorte pour ses déplacements personnels. Tout comme il aimait circuler sans aucune protection pendant ses congés passés sur l’île de Gotland, dans sa résidence d’été.
Vingt ans après cette tragique soirée, le meurtre d’Olof Palme – qui demeure le plus grave attentat politique commis dans le pays depuis l’assassinat du roi Gustave III, en 1792 – apparaît toujours comme l’événement qui a brutalement tiré « la société suédoise du cocon d’innocence où elle baignait » (Libération du 29 octobre 2001). Sans cet homicide, estiment plusieurs analystes, certains crimes particulièrement atroces perpétrés dans le royaume durant la décennie 1990 n’auraient peut-être pas eu lieu. Mais surtout, il a ouvert en Suède une plaie qui ne s’est jamais vraiment refermée, et introduit un doute sur les compétences des services policiers et judiciaires nationaux…
On ne sait toujours pas avec certitude, en effet, qui est l’auteur des coups de feu contre l’ancien leader du Parti social-démocrate suédois. Il faut dire que ce tiers-mondiste écologiste et pacifiste, particulièrement écouté au sein du mouvement socialiste international, avait des prises de position tranchées qui lui ont aussi valu de nombreuses inimitiés sur la scène internationale. On a imaginé plusieurs commanditaires de son assassinat, ce qui a donné lieu aux élucubrations les plus fantaisistes : l’extrême droite suédoise, hostile à un Premier ministre « gauchiste » ; l’Afrique du Sud, qui ne supportait plus de le voir dénoncer le régime d’apartheid et apporter son soutien au MPLA angolais et à la Swapo namibienne ; ou encore les instances de l’Otan, pour qui Palme serait devenu un « agent d’influence soviétique » à travers son projet de « dénucléarisation » de la mer Baltique – et on en passe…

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Après une enquête confuse qui a conduit un ministre de la Justice, un directeur général de la police et plusieurs fonctionnaires à la démission, Christer Pettersson – un suspect déjà condamné dans cette affaire à la réclusion à perpétuité, en 1989, trois mois avant d’être acquitté – a, finalement, revendiqué l’assassinat. C’était en octobre 2001. Alcoolique et toxicomane, il est décédé en 2004, sans avoir été rejugé, les autorités suédoises ayant douté de la véracité des déclarations d’un homme par ailleurs considéré comme psychologiquement dérangé. Le dossier ne sera définitivement classé qu’en 2011, date où les faits tomberont sous le coup de la prescription…

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