Algérie – Retour de Belkhadem au FLN : « Ce come-back a forcément été approuvé par Bouteflika »

Quatre ans après son bannissement du Front de libération nationale (FLN), l’ancien chef du gouvernement a été reçu, mardi 4 décembre en fin d’après-midi, par le coordinateur du parti Mouad Bouchareb. Un retour sur le devant de la scène très significatif, à quelques mois du scrutin présidentiel.

Abdelaziz Belkhadem en 2012. © Paul Schemm/AP/SIPA

Abdelaziz Belkhadem en 2012. © Paul Schemm/AP/SIPA

Publié le 5 décembre 2018 Lecture : 3 minutes.

« Ce come-back a forcément été approuvé par Bouteflika et son entourage. Mouad Bouchareb n’aurait pas pu inviter Belkhadem à une consultation de son propre chef. Il a une feuille de route à appliquer, qui commence par le rassemblement des pièces du puzzle FLN », commente un cadre du Rassemblement nationale démocratique (RND), formation politique membre de l’alliance présidentielle.

Tout en saluant la restructuration du FLN initiée par le président de la République, Abdelaziz Belkhadem ne compte pas rester en marge, et pose même certaines conditions à la réussite du processus en cours. Il faut d’abord, dit-il, « lutter contre les corrompus et les intrus du FLN ». Et d’enchaîner : « Le FLN n’est pas une société par action. Il n’est ni à louer, ni à vendre ».

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Cette sortie médiatique de Belkhadem, secrétaire général du FLN de février 2005 à février 2013, n’étonne pas notre source au sein de la majorité présidentielle : « Ce comportement est normal. Il a une revanche à prendre sur l’histoire. S’il a répondu à l’appel de Bouchareb, ce n’est pas pour courber l’échine devant un adhérent d’une autre génération ».

Selon notre interlocuteur, ce ton n’augure toutefois pas d’un retour dans le cœur décisionnel du parti. « La désignation de Bouchareb en tant que coordinateur du parti marque une nouvelle étape », étaye-il. « Belkhadem a été consulté au même titre que les autres anciens SG du FLN. Ce qu’il a dit n’engage en rien la nouvelle direction », renchérit un membre de l’instance de coordination du parti.

Grâce et disgrâce

Les mois à venir seront décisifs dans l’optique de la course présidentielle d’avril 2019. Revenir au FLN serait donc l’occasion pour Belkhadem de se replacer sur l’échiquier politique. En 2004, l’homme avait joué un rôle décisif dans la réélection de l’actuel chef de l’État pour un deuxième mandat. Alors ministre des Affaires étrangères et membre du bureau politique du FLN, il avait été chargé par la clan Bouteflika de conduire le redressement du vieux parti. Son objectif : contrer la candidature à la présidentielle du 8 avril 2004 d’Ali Benflis, à l’époque secrétaire général.

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Cette course effrénée au pouvoir avait divisé le FLN entre « redresseurs » et « légalistes ». Benflis avait finalement obtenu l’aval du comité central, instance suprême du parti. Mais les urnes l’avait crédité de seulement 6,4 % des voix, contre 85,1 % à son adversaire Abdelaziz Bouteflika. Les « redresseurs » prenant les rênes du FLN lors du 8e congrès, Belkhadem avait été désigné secrétaire général en février 2005.

Le moment est propice à la réconciliation, car la restructuration actuelle du FLN ne profite pas seulement au parti

Quelques années plus tard, Belkhadem est pourtant à son tour victime de la disgrâce du clan au pouvoir. Quelques heures à peine après avoir appris sa présence à une rencontre qui avait regroupé, le 25 août 2014, les leaders de l’opposition – dont deux anciens chefs du gouvernement, Ahmed Benbitour et Sid Ahmed Ghozali – , Bouteflika avait signé un décret l’excluant des hautes sphères de l’État.

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La sanction est brutale et inédite. Il est démis de ses fonctions de ministre conseiller à la présidence de la République, et interdit de toute activité au sein du parti. « Bouteflika n’a pas du tout apprécié que son conseiller spécial assiste à une réunion dans laquelle il était vivement critiqué, confie à Jeune Afrique une source au sein du Palais d’El Mouradia. Mais aujourd’hui, le moment est propice à la réconciliation, car il ne faut pas perdre de vue que la restructuration actuelle du FLN ne profite pas seulement à cette formation politique. Le FLN reste le parti de l’État. »

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