Burundi : le gouvernement exige la fermeture définitive du bureau onusien des droits de l’homme à Bujumbura
Le gouvernement burundais a exigé la fermeture du bureau à Bujumbura du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, avec lequel il avait déjà suspendu toute collaboration depuis octobre 2016, on indiqué des sources gouvernementale et onusienne.
Une note verbale « qui demande la fermeture » a été remise le 5 décembre au coordinateur résident de l’ONU au Burundi, Garry Conille, afin qu’il la transmette à Genève à la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a indiqué le 6 décembre à l’AFP un haut cadre du ministère des Affaires étrangères.
« Tout le personnel international [une dizaine de personnes, ndlr] doit être redéployé immédiatement, et l’Office a deux mois pour faire ses valises et fermer définitivement ses portes », a précisé cette source, sous couvert de l’anonymat.
Cette information a été confirmée à l’AFP par une source onusienne qui a elle aussi requis l’anonymat. « Le gouvernement burundais se radicalise de plus en plus et continue sa défiance vis-à-vis de la communauté internationale », a-t-elle relevé. Joint par Jeune Afrique, le porte-parole du gouvernement Prosper Ntahorwamiye estime que « la note est justifiée » et que le bureau de l’ONU au Burundi « n’a plus raison d’être ».
« Après le boycott de la cinquième session du dialogue interburundais [fin octobre, ndlr] et du sommet des chefs d’État de la Communauté économique d’Afrique de l’Est dans la foulée, il s’en prend aux Nations unies cette fois », a ajouté la même source, rappelant que le sommet des chefs d’État, reporté en raison du boycott de Bujumbura, devait notamment traiter de la crise burundaise.
« Le gouvernement écarte peu à peu tous les témoins gênants »
Depuis octobre 2016, l’Office du Haut-Commissaire à Bujumbura travaillait déjà au ralenti. Le gouvernement avait alors décidé de suspendre sa collaboration avec ce bureau et de résilier l’accord régissant ses activités, l’accusant de « complicité » dans la rédaction d’un rapport de l’ONU imputant au pouvoir burundais des « violations graves » des droits de l’homme et mettant en garde contre de possibles « crimes contre l’humanité ».
« Tout semble indiquer que le gouvernement écarte peu à peu tous les témoins gênants (…), ce qui ne nous rend guère optimistes pour l’avenir », a regretté la source onusienne.
C’est également en octobre 2016 que le Burundi était devenu le premier pays à se retirer de la Cour pénale internationale (CPI) – retrait devenu effectif un an plus tard -, après l’ouverture d’un examen préliminaire sur des accusations de meurtres, tortures et autres exactions commises au Burundi.
La CPI a depuis ouvert une enquête en octobre 2017 sur la situation au Burundi. La Commission d’enquête de l’ONU a de son côté publié un rapport le 5 septembre, dans lequel elle pointe de graves violations des droits de l’homme, dont des crimes contre l’humanité, qui se sont poursuivis sans discontinuer au Burundi en 2017 et 2018. Son mandat a été prolongé d’un an le 28 septembre dernier.
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