Maroc : ce qu’il faut attendre des négociations entre les pétroliers et le gouvernement

Alors qu’une nouvelle rencontre entre le Groupement des pétroliers marocains (GPM) et le ministre est prévue la semaine prochaine, chacun affûte ses propositions. Si les distributeurs pétroliers penchent en faveur de l’instauration d’une Taxe intérieure de consommation (TIC) flottante, l’exécutif préférerait plafonner les marges.

Lahcen Daoudi, à Rabat en 2013. © Hassan Ouazzani pour Jeune Afrique

Lahcen Daoudi, à Rabat en 2013. © Hassan Ouazzani pour Jeune Afrique

Publié le 7 décembre 2018 Lecture : 3 minutes.

La tension est montée d’un cran entre le député du Parti authenticité et modernité (PAM, première formation d’opposition), Hicham Al Mouhajiri, et le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Lahcen Daoudi, lors de la séance des questions orales du 3 décembre au Parlement.

Le membre de la chambre basse, reprochant au ministre de ne pas suivre la recommandation de la commission parlementaire de plafonner le prix des carburants, s’est exclamé : « Le PJD est en train de trahir les Marocains. Vous savez que ceux qui vous ont accordé leur confiance veulent le plafonnement des prix des carburants, ce que vous refusez. Cela joue en faveur des distributeurs pétroliers ».

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Cette passe d’armes a eu lieu alors qu’un deuxième round des discussions entre le Groupement des pétroliers marocains (GPM) et le ministre est prévu pour la semaine prochaine.

Baisse conjoncturelle des prix

Tenue le 29 novembre, la première rencontre n’a pas connu d’issue favorable. Aucune décision n’a été prise. En sortant, le représentant de l’exécutif marocain a simplement expliqué que le plafonnement des marges pouvait être l’une des solutions à adopter pour que le prix à la pompe soit plus abordable. Les deux côtés semblent confiants par rapport à cette future étape. Du côté du gouvernement, on nous explique que la prochaine étape se fera en comité restreint et que la question du plafonnement sera centrale.

Il faut dire que la situation actuelle du marché permet une grande latitude dans les discussions. Depuis le 1er décembre dernier, en effet, les prix des carburants au Maroc ont connu une nouvelle baisse de 0,60 dirham en moyenne. Les prix affichés sur les pompes à essence ont cumulé presque un dirham de baisse depuis un peu plus de cinq semaines, ce qui ravit les consommateurs et leurs bourses.

Il est bien plus simple de trouver une solution durable quand le marché est baissier

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Cette situation n’est que la répercussion directe du déclin que connaissent les cours du pétrole brut au niveau des marchés internationaux, et non un effort de la part des distributeurs pétroliers, comme le signalaient certains observateurs. « Il est bien plus simple de trouver une solution durable quand le marché est baissier. Ce n’est pas le cas quand il y a le feu, et nous savons pertinemment que les cours peuvent s’envoler très rapidement », nous explique Adil Ziadi, le président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM).

Le GPM propose l’instauration d’une Taxe intérieure de consommation (TIC) flottante qui dépendra des cours du pétrole brut et évoluera selon la situation du marché. Actuellement, le consommateur paie pour chaque litre de carburant 3,2 dirhams pour la TIC, et ce quel que soit le prix de vente et le cours du pétrole. Cette taxe génère chaque année pour l’État marocain plus de 30 milliards de dirhams. Selon nos sources, le gouvernement est très peu favorable à cette proposition. « Pour la prochaine réunion, nous devons déjà trouver le moyen pour qu’on puisse, nous et le gouvernement, suivre les cours et leurs comportements », nous prévient Adil Ziadi.

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Les pétroliers veulent éviter le plafonnement des marges

Les pétroliers préparent aussi une série de propositions pour les présenter à l’exécutif et essayer d’éviter le plafonnement des marges, qui semble être la préférence de Lahcen Daoudi. Une proposition que le ministre a réitérée quand il a reçu, cette semaine, le bureau fédéral des gérants des stations-service.

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« Le ministre nous a assuré que le dialogue était toujours en cours avec les compagnies pétrolières, considérant que c’est le meilleur moyen de trouver des solutions. Dans ce contexte, nous l’avons informé que nous maintenons notre proposition de marge, tout en insistant sur la nécessité d’accélérer le processus pour aboutir à un accord satisfaisant pour toutes les parties », explique dans un communiqué le bureau fédéral des gérants de stations-service.

Depuis quelques jours, les cours du pétrole à l’international sont repartis à la hausse, et l’étau commence à se resserrer pour toutes les parties assises autour de la table des négociations.

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