Togo : l’opposition refuse de se plier à l’interdiction de manifester
Le ministre togolais de l’Administration territoriale a interdit toute manifestation en cette période électorale, évoquant un « risque très élevé de troubles graves à l’ordre public ». Une interdiction que rejettent les forces de l’opposition.
La coalition de 14 partis de l’opposition (C14), qui appelle toujours au boycott des élections locales, référendaires et législatives des 16 et 20 décembre, voulait lancer jeudi sa « caravane de sensibilisation ». Mais un fort détachement des forces de l’ordre et de sécurité a été déployé, très tôt le matin, devant le siège de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), ainsi que sur tous les itinéraires annoncés par l’opposition. Personne n’a pu s’approcher du siège de la CDPA, d’où devait démarrer la caravane.
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Le gouvernement pointe le risque de heurts
La C14 avait appelé à deux jours de caravanes à Lomé, et dix jours de marches synchronisées sur toute l’étendue du territoire national. Inacceptable, selon le ministre de l’Administration territoriale, Payadowa Boukpessi, qui a interdit, le 5 décembre, toute manifestation pendant la durée de la campagne électorale, pointant un « risque très élevé de troubles graves à l’ordre public ». Le ministre souligne par ailleurs que l’opposition ne présente pas de listes pour ces élections.
« Le risque que [leurs] caravanes et cortèges se heurtent à ceux des partis engagés dans la campagne électorale demeure par conséquent fort probable », justifie le ministre, qui pointe le fait que « les leaders de la Coalition ont publiquement indiqué qu’ils empêcheront la tenue des législatives par tous les moyens ».
« Le ministre n’a pas à interdire nos manifestations. Le Code électoral nous autorise, en tant que partis politiques légalement constitués, à faire campagne. Nous nous en tenons à ce que nous avons prévu », rétorque de son côté Brigitte Adjamagbo Johnson, coordinatrice de la C14.
« L’opposition est incohérente. Vous ne pouvez pas boycotter une élection et réclamer d’y faire campagne. Les caravanes annoncées sont en fait un cheval de Troie pour semer de la zizanie », estime un journaliste politique togolais, sous couvert d’anonymat.
Une campagne qui s’annonce tendue
La campagne électorale a officiellement démarré mardi 4 décembre. Pour justifier ses appels au boycott, l’opposition met en avant des craintes de fraudes lors du scrutin. Elle réclame en outre des réformes constitutionnelles et institutionnelles visant à empêcher le président Faure Gnassingbé de se présenter à la prochaine présidentielle.
Pour les législatives à venir, elle exige également une refonte de la composition du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et la remise à plat de toutes les activités déjà menées par cette institution. Les quatre représentants de l’opposition au sein de la Ceni, qui compte 17 membres, ont refusé de siéger. Une absence qui n’a cependant pas empêcher la Commission de fonctionner, le quorum étant atteint.
Le bras de fer qui se joue entre le gouvernement et l’opposition, chacun campant sur ses positions, fait craindre des troubles dans ce pays habitué aux violences électorales. Mercredi, les églises évangéliques, presbytériennes et méthodistes du Togo ont d’ailleurs dénoncé « les conditions non consensuelles » dans lesquelles est conduit le processus électoral en cours et ont appelé à un « report de quelques mois ».
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