Irvin Khoza

Directeur du Comité d’organisation sud-africain de la Coupe du monde 2010

Publié le 3 janvier 2005 Lecture : 3 minutes.

Sept mois après avoir obtenu de la Fifa l’organisation de l’édition 2010 de la Coupe du monde, l’Afrique du Sud a constitué, samedi 4 décembre, un comité d’organisation. Neuf postes sont réservés aux dirigeants du football, dont deux pour la Confédération africaine de football (CAF), cinq à de hauts fonctionnaires et trois à des hommes d’affaires sud-africains. À la tête de la nouvelle structure, l’influent et intouchable Irvin Khoza.
Surnommé par ses obligés Iron Duke (« le duc de fer ») et par ses détracteurs The Prince of Darkness (« le prince des ténèbres »), le personnage est pour le moins controversé. Ce colosse de 57 ans, natif du township d’Alexandra, a grandi dans les années les plus sombres de l’apartheid. Il a vécu de près la terrible guerre des gangs que se livraient dans son quartier les Msomis et les Spoliers.
Ses classes de « combattant de la rue » terminées, il rejoint l’ANC (African National Congress). Expulsé de la Fort Hare University en raison de son engagement politique, il se lance dans le business. La police de l’époque le soupçonnera de collecter, de manière illicite (grâce au trafic de drogue), des fonds pour l’ANC.
Au début des années 1980, sa route croise celle d’éminents dirigeants de l’ANC comme Jacob Zuma, l’actuel vice-président de la République. Khoza est envoyé en mission en Zambie. En 1983, à Lusaka, il est arrêté en possession de mandrax, une drogue de substitution très prisée en Afrique du Sud, où elle se consomme mélangée à la marijuana. Il s’en tirera avec une amende.

Avec la chute de l’apartheid et l’accession de l’ANC au pouvoir, les affaires du « duc de fer » connaissent un regain de prospérité. Il s’offre les Orlando Pirates, le club le plus populaire de Soweto avec lequel il gagne la Coupe d’Afrique en 1995, et entend contrôler le football professionnel en Afrique du Sud. Son ambition se heurte à celle du président de la Safa (South African Football Association), Solomon « Stix » Morewa, lui aussi membre éminent de l’ANC. Morewa tombe en janvier 1997 pour utilisation des fonds de la Safa à des fins personnelles. Khoza lui déniche un successeur accommodant en la personne de Molefi Oliphant. Depuis 1997, le chef des Buccaneers (les Pirates) « règne » sur le ballon sud-africain. De 1998 à 2000, Khoza va conduire la candidature de son pays à l’organisation de la Coupe du monde 2006.
En 2000, il possède cinq propriétés dans la banlieue nord de Johannesburg, un centre commercial, une luxueuse résidence à Diepkloof, un jet privé, et dirige une vingtaine de sociétés. En 2001, il défraie l’actualité. Le 17 août, la police et les agents du South African Revenue Service (SARS) l’arrêtent pour fausses déclarations de revenus pour la période 1996-1999 et évasion fiscale portant sur plus de 66 millions de rands (8,6 millions d’euros).

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Khoza est libéré sous caution. Pendant que ses avocats négocient avec le SARS, le « duc de fer » est reçu au Cap par le président de l’ANC, Mosiuoa Lekota, et dans sa résidence de Houghton par… Nelson Mandela. Le porte-parole de l’ANC, Smuts Ngonyama, prévient : « L’ANC ne pourra pas stopper le cours de la justice. » Toujours est-il que, le 2 août 2002, Khoza signe un arrangement avec le SARS : il réglera un redressement fiscal de 10,343 millions de rands sur ses revenus de 1984 à 2000 et, le 29 avril 2003, il sera acquitté.
Le 15 mai 2004, la Fifa choisit l’Afrique du Sud pour l’organisation du Mondial 2010. Début août, la Safa, malgré un déficit annoncé de 8,12 millions de dollars, décide d’octroyer une prime de 1 million de dollars à son président, Molefi Oliphant, ainsi qu’à Irvin Khoza et Danny Joordan, respectivement président et directeur exécutif du comité de candidature ! Le 13 novembre, le « duc de fer » se fait élire, pour deux ans, à la tête de la Premier Soccer League (PSL) professionnelle alors que Joordan récupère son poste de directeur exécutif de la Safa. Le tandem s’apprête à reprendre du service pour le Mondial 2010, mais sera encadré par la Fifa, qui s’apprête à ouvrir un bureau en Afrique du Sud. « Nous avons décidé, a annoncé le 17 septembre Joseph S. Blatter, le président de la Fifa, de prendre la direction de l’organisation. »

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