Ben Laden parle aux Américains

Le 29 octobre, Al-Jazira diffusait une adresse du chef d’al-Qaïda aux citoyens des États-Unis. Que leur a-t-il dit ? Dans quel but ? J.A.I. vous livre en exclusivité l’intégralité de ce texte pour le moins étonnant.

Publié le 3 janvier 2005 Lecture : 13 minutes.

Exit le kalachnikov, le treillis, les imprécations religieuses et le ton martial. Oussama Ben Laden leur a substitué le pupitre, l’habit traditionnel bédouin, le commentaire rationnel et le plaidoyer pro domo. Dans son adresse vidéo aux citoyens des États-Unis, diffusée trois jours avant la présidentielle américaine par la chaîne qatarie Al-Jazira, le chef d’al-Qaïda ressemblait davantage à un homme d’État qu’au terroriste le plus recherché de la planète. Une métamorphose qui pourrait bien traduire un changement dans l’organigramme de la nébuleuse islamiste, l’Égyptien Aymen al-Zawahiri – idéologue et numéro deux d’al-Qaïda – devenant le chef opérationnel, pendant que Ben Laden s’élèverait au-dessus de la mêlée pour incarner une sorte de calife et de référent politique. Même le dernier message attribué à Ben Laden – diffusé le 15 décembre sur un site islamiste, qui salue l’attaque, le 6 décembre, du consulat américain à Riyad et appelle au sabotage des pipelines « du Golfe » – tient de l’intervention policée en regard des réquisitoires enflammés de Zawahiri contre les régimes saoudien, égyptien et pakistanais tout au long des derniers mois.
Politique, l’adresse de Ben Laden au peuple américain l’a été de bout en bout. Exempte de toute référence religieuse, prononcée sur un ton calme, voire conciliant, elle a surtout consisté à justifier a posteriori le 11 Septembre, présenté comme la riposte d’hommes libres aux crimes perpétrés en toute impunité par Israël au Liban en 1982 et par Bush père et fils en Irak. Et le chef d’al-Qaïda d’égrener les multiples mises en garde qu’il adresse vainement depuis huit ans aux États-Unis via des journalistes occidentaux nommément cités – dont le Britannique Robert Fisk, qu’il n’hésite pas à prendre à témoin, recommandant à la Maison Blanche de l’inviter à exposer « au peuple américain les motifs pour lesquels nous vous combattons ». Une manière de dire : « Si vous ne me croyez pas, demandez son avis à « l’un des vôtres ». Il vous éclairera sur les véritables desseins de vos dirigeants au Moyen-Orient et sur le sens de notre lutte. Renoncez à ces desseins, et vous recouvrerez votre sécurité. » Si ce n’est pas là à proprement parler une proposition de trêve, cela en a tous les accents. Ce n’est bien sûr pas comme telle que l’a accueillie l’Américain moyen, pour qui la seule apparition sur les écrans du commanditaire du 11 Septembre constitue – peut-on réellement l’en blâmer ? – une agression insupportable. Résultat : l’allocution de Ben Laden a sans doute contribué à la réélection de George W. Bush.
Après avoir exposé les causes de la guerre, le chef d’al-Qaïda en aborde les résultats, qu’il juge « positifs ». Un succès qu’il met sur le compte… de l’administration Bush, dont la ressemblance avec les monarchies arabes en a fait un adversaire familier, facile à piéger et aisément prévisible. Cette filiation, Ben Laden croit la déceler dans le népotisme bushien, l’autoritarisme du Patriot Act ou encore l’élection « arrangée » de Bush fils en 2000, sans oublier la défense d’intérêts privés sous couvert de guerre contre le terrorisme. À la familiarité de l’ennemi, Ben Laden ajoute, parmi les atouts d’al-Qaïda, l’expérience de la guerre d’usure contre les Soviétiques en Afghanistan et l’efficacité de la « stratégie du saignement » qui consiste à obliger l’ennemi à investir toujours plus d’argent dans la guerre. Jusqu’à la ruine. Tôt ou tard, l’Amérique, à l’instar de l’URSS, n’aura plus les moyens de ses ambitions et devra, selon lui, capituler.
À l’appui de sa démonstration, Ben Laden dresse un bilan des pertes humaines et matérielles dans les deux camps, affirmant que le grand perdant est le peuple américain, et se livre à une charge en règle contre Bush, raillé pour son apathie durant les attaques du 11 Septembre. En substance : nous avions besoin de vingt minutes pour mener à bien les opérations, « le commandant en chef des forces américaines » nous en a donné soixante, absorbé qu’il était par sa « conversation avec une écolière » – allusion aux sept minutes durant lesquelles Bush, instruit du drame lors d’une visite dans une maternelle, est resté sans réaction, comme hébété. À croire que Ben Laden a visionné Fahrenheit 9/11 de Michael Moore…
En s’adressant directement aux Américains à la veille de la présidentielle, le chef d’al-Qaïda espérait sans doute, un peu naïvement, non pas tant les amener à voter pour tel ou tel candidat que leur faire prendre conscience de leur responsabilité dans la politique étrangère de leur pays et du rôle qu’ils peuvent jouer dans son infléchissement. Une sorte d’appel pressant à l’exercice de leur devoir de citoyen. Que la figure emblématique de l’islam radical enjoigne à la première démocratie du monde de respecter ses principes fondateurs, voilà qui n’est pas le moindre des paradoxes !

« Que la paix soit sur ceux qui suivent la Voie droite.
Ô peuple américain, Je voudrais vous parler de la meilleure manière d’éviter un autre Manhattan, ainsi que des causes et des résultats de la guerre.
La sécurité est l’un des piliers de la vie humaine. Les hommes libres sont attachés à leur sécurité. Et, contrairement aux allégations de George W. Bush, nous ne haïssons pas la liberté. Qu’il nous explique pourquoi nous n’avons pas attaqué, par exemple, la Suède ?
Ceux qui détestent la liberté ne sont pas animés d’un tout-puissant sentiment de fierté, comme l’étaient les dix-neuf [auteurs du 11 Septembre], que Dieu leur accorde Sa
Miséricorde. Si nous vous avons combattus, c’est parce que nous sommes libres, parce que nous refusons de vivre sous l’oppression, parce que nous voulons redonner sa liberté à notre nation. De même que vous menacez notre sécurité, nous menaçons la vôtre. Nul,
hormis quelque voleur écervelé, ne joue avec la sécurité d’autrui en s’imaginant pouvoir préserver la sienne. Les personnes raisonnables, elles, lorsqu’elles sont frappées par
un désastre, cherchent d’abord à en déterminer les causes et la meilleure façon d’éviter qu’il ne se reproduise.
Mais vous ne laissez de m’étonner: trois ans après le 11 Septembre, Bush continue de vous leurrer, de vous tromper et de vous en cacher la véritable raison. Par conséquent, les
causes d’une répétition [du 11 Septembre] demeurent.
Je vais donc vous parler des causes de cet événement et du moment où a été prise la décision [d’attaquer]. Peut-être réfléchirez-vous. Allah nous est témoin : jamais il n’a été question pour nous de frapper les deux tours. C’est après avoir vu l’iniquité et le
despotisme de l’alliance américano-israélienne s’abattre sur les nôtres en Palestine et au Liban que la coupe fut pleine. Et que cette idée me vint à l’esprit.
Les événements qui m’ont profondément affecté remontent à 1982, lorsque les États-Unis ont autorisé Israël à envahir le Liban, qui plus est avec l’appui de leur 6e flotte. Les bombardements commencèrent. Beaucoup de civils furent terrorisés, déplacés, blessés ou tués. Je revois encore ces scènes effroyables : partout du sang, des lambeaux de chair, des cadavres de femmes et d’enfants. Partout des maisons et des tours détruites, avec leurs occupants. Les roquettes pleuvaient sans merci sur nos demeures. C’était comme si un crocodile engloutissait un enfant sans défense à qui il ne reste plus qu’à hurler sa douleur. Le crocodile peut-il comprendre un autre langage que celui des armes ? Le monde entier regardait et entendait, mais il resta interdit.
Durant ces moments éprouvants, des émotions difficiles à décrire m’agitèrent. Et firent naître en moi un rejet irrépressible de la tyrannie et la ferme résolution de punir l’oppresseur. En regardant les tours détruites au Liban, il me vint l’idée de réserver le même sort au tyran afin qu’il goûte une partie de ce que nous avions enduré et pour le
dissuader de tuer nos femmes et nos enfants. Ce jour-là, je compris clairement que l’injustice et l’assassinat de femmes et d’enfants innocents sont une politique
américaine délibérée. Que le terrorisme, c’est la démocratie, tandis que la résistance passe pour du terrorisme et de l’intolérance.
Cela signifie opprimer impunément des millions de personnes, leur imposer un embargo
jusqu’à la mort, comme l’a fait Bush père en Irak dans ce qui restera comme le plus grand
meurtre collectif d’enfants de l’Histoire. Cela signifie déverser des millions de tonnes de bombes et d’explosifs sur des millions d’enfants, comme l’a fait Bush fils en Irak, dans le seul but de remplacer un vieil agent par une nouvelle marionnette susceptible de l’aider à s’approprier le pétrole et à commettre d’autres méfaits. À de telles images et à d’aussi grandes injustices, le 11 Septembre était une riposte. Celui qui protège son sanctuaire est-il blâmable ? Celui qui se défend et inflige à son oppresseur la même punition doit-il être considéré comme un terroriste, et condamné ? Quand bien même la réponse serait affirmative, nous n’avons d’autre choix que celui-là.
Tel est le message que je vous ai adressé maintes fois en paroles et en actes plusieurs années avant le 11 Septembre. Vous pouvez en prendre connaissance si vous le souhaitez dans les interviews que j’ai accordées à Scott de Time Magazine en 1996, à Peter Arnett de CNN en 1997 ou à John Weiner lors de notre rencontre en 1998. Vous pouvez aussi en prendre acte à Nairobi, en Tanzanie ou à Aden. Vous pouvez aussi le lire dans
mes entretiens avec Abd al-Bari Atwan ou Robert Fisk. Ce dernier est l’un des vôtres et partage votre religion, mais je considère qu’il est neutre. Que les champions de la liberté à la Maison Blanche et les chaînes de télévision qui leur sont inféodées l’invitent à s’exprimer afin qu’il expose au peuple américain, tels qu’il les a compris,
les motifs pour lesquels nous vous combattons. Si vous faites disparaître ces motifs, vous serez sur le bon chemin, celui qui conduira l’Amérique au degré de sécurité qui était le sien avant le 11 Septembre.
Cela en ce qui concerne la guerre et ses causes.
Quant aux résultats de la guerre, ils sont très positifs et dépassent même, à tous points de vue, nos attentes. À cela plusieurs raisons, au premier rang desquelles la simplicité de nos rapports avec l’administration Bush. Nous n’avons eu aucune difficulté à traiter avec elle tant elle ressemble à nos régimes, dont une moitié est dirigée par des militaires, l’autre par des fils de présidents et de rois, et avec lesquels nous avons une longue expérience. Ces deux catégories de régime regorgent d’individus réputés pour
leur arrogance, leur cupidité et leur propension à la spoliation.
Cette ressemblance remonte aux voyages de Bush père dans la région. Mais alors que certains dirigeants arabes, fascinés par l’Amérique, espéraient que ces visites rejailliraient sur leurs pays, voilà que c’est Bush père qui subit l’influence de ces régimes monarchistes ou militaires, dont il envie la capacité de se maintenir au pouvoir plusieurs dizaines nous vous avons combattus, nous refusons de vivre d’années tout en pillant impunément les deniers publics. Il a transmis à son pays le despotisme et la répression, consacrés dans une loi nationale [le Patriot Act, NDLR] sous le prétexte de
lutter contre le terrorisme.
De même que Bush père a jugé bon que ses fils deviennent gouverneurs, de même a-t-il pris soin de transférer en Amérique l’art de la fraude électorale, cher aux présidents arabes,
pour en tirer avantage aux moments cruciaux.
Comme nous l’avons déjà dit, il nous a été facile de provoquer et de piéger cette administration. Il suffit d’envoyer deux moudjahidine à l’autre bout du Moyen-Orient agiter un morceau de chiffon sur lequel est écrit al-Qaïda pour que les généraux s’y précipitent et fassent subir à l’Amérique de lourdes pertes sur le plan humain, économique et politique sans rien obtenir en retour sinon quelques avantages pour leurs
sociétés privées. Cela ajouté au fait que nous sommes rompus à la guérilla et à la guerre d’usure contre une puissance tyrannique, comme nous l’avons démontré, aux côtés des
moudjahidine, contre la Russie, que nous avons saignée à blanc dix ans durant avant qu’elle fasse faillite par la grâce d’Allah et, sous le coup d’une cuisante défaite, décide de se retirer. Allah soit loué pour Sa Largesse. Nous continuerons à saigner l’Amérique jusqu’à ce qu’elle soit ruinée. Allah est le Tout-Puissant, rien ne Lui est impossible.
Il serait cependant inexact de dire qu’al-Qaïda a triomphé de la Maison Blanche, ou que cette dernière a perdu la guerre contre al-Qaïda. Car à y regarder de plus près, on ne peut attribuer à la seule al-Qaïda ses victoires spectaculaires. C’est plutôt la Maison
Blanche qui, en exigeant l’ouverture de plusieurs fronts dans le but d’y installer des compagnies qui lui sont proches qu’elles travaillent dans le pétrole, le commerce d’armes ou la construction , a aidé al-Qaïda à obtenir d’aussi grands résultats. Au point que certains commentateurs et diplomates ont affirmé que la Maison Blanche et nous
travaillions de concert pour servir les desseins des États-Unis, bien que nos intentions diffèrent. C’est à ce type de raisonnement que des diplomates britanniques ont fait allusion quand, au cours d’une conférence à l’Institut royal des affaires internationales, ils ont souligné le fait qu’al-Qaïda avait dépensé 500000 dollars pour mener les attaques du 11 Septembre, tandis qu’il en a coûté à l’Amérique 500 milliards
de dollars ce qui revient à dire que pour chaque dollar investi par al-Qaïda, l’Amérique en a perdu 1 million. Sans compter le grand nombre d’emplois supprimés. Quant au volume total des pertes sur le plan économique, il a atteint, au bas mot, le niveau record de 3000 milliards de dollars. Plus grave encore pour les Américains: les moudjahidine ont obligé Bush à demander des rallonges budgétaires pour poursuivre la guerre en Afghanistan et en Irak, ce qui montre l’efficacité de la stratégie du
saignement, avec l’aide d’Allah.
Il est donc vrai qu’al-Qaïda a beaucoup gagné, mais l’administration Bush aussi : il suffit, pour s’en persuader, d’égrener les contrats mirobolants remportés par de grosses sociétés liées à la Maison Blanche, comme Halliburton par exemple. Le vrai perdant, c’est vous, le peuple américain, et l’économie de votre pays. Pour mémoire, nous étions convenus avec le commandant en chef Mohamed Atta [chef des attaques du 11 Septembre], qu’Allah lui accorde Sa Miséricorde, qu’il disposerait de vingt minutes pour exécuter
l’ensemble des opérations avant que Bush et son administration ne réagissent. Nous étions loin de nous imaginer que le commandant en chef des forces américaines laisserait, piégés
dans les deux tours, 50000 de ses concitoyens affronter seuls l’horreur, qu’il les abandonnerait au moment où ils avaient le plus besoin de lui. Parce qu’il lui a semblé plus important de discuter avec une petite écolière des coups de cornes du bouc que de se préoccuper des estocades portées par les avions contre les gratte-ciel, nous avons pu disposer de trois fois plus de temps qu’il n’en fallait. Allah soit loué !
Vous n’êtes pas sans savoir que nombre d’intellectuels et d’Américains avisés avaient mis en garde Bush avant la guerre : vous avez le droit d’assurer la sécurité de l’Amérique en
éliminant les armes de destruction massive pour peu qu’elles existent et disposez du soutien de la communauté internationale pour conduire les inspections, mais les intérêts de l’Amérique ne commandent en aucun cas le déclenchement d’une guerre injustifiée dont nul ne sait quand elle se terminera. Mais l’or noir lui brouilla la vue et l’esprit, et il décida de privilégier les intérêts privés au détriment de l’intérêt général de l’Amérique. La guerre a éclaté, le nombre de morts est allé croissant, l’économie américaine a été saignée et Bush s’est enlisé en Irak dans un bourbier qui menace son
avenir. Il s’est comporté, suivant le proverbe, tel la vilaine chèvre qui de ses sabots essaie d’extraire un couteau planté dans la terre.
Je vous le dis : 15000 d’entre nous ont été tués et des dizaines de milliers blessés ; plus d’un millier des vôtres ont été également tués et plus de 10000 blessés. Le sang des victimes des deux bords, Bush l’a sur les mains, au nom du pétrole et des intérêts de
sociétés privées. Votre nation punit le faible lorsqu’il provoque la mort de l’un de ses concitoyens pour de l’argent, mais laisse le puissant provoquer la mort de plus d’un millier de ses concitoyens pour de l’argent. À l’image de vos alliés en Palestine, qui
terrorisent les femmes et les enfants, tuent et emprisonnent les hommes. Cela pour vous rappeler que chaque action appelle une réaction.
Je vous enjoins, enfin, de méditer les dernières paroles de ceux qui vous ont quittés le 11 Septembre. Ce sont là des testaments importants qui devraient faire l’objet de recherches. Parmi ceux que j’ai entendus, lancés au plus fort de la tourmente, avant l’effondrement [des tours], celui-ci : Nous avons eu tort de laisser la Maison Blanche mener, sans contrôle aucun, une politique étrangère agressive contre des faibles. C’est comme s’ils vous disaient : Ô peuple américain, demandez des comptes à ceux qui ont provoqué notre mort. Heureux ceux qui tirent les leçons des erreurs d’autrui. Il y a aussi dans les témoignages que j’ai lus des vers de poésie :
L’injustice terrasse son peuple.
Que le lit de la tyrannie est malsain!
N’a-t-on pas dit : une once de prévention vaut mieux qu’une livre de cure ?
Sachez qu’il est préférable de retourner à la vérité que de persister dans l’erreur.
Et que le sage ne sacrifie pas sa sécurité, ses biens et sa famille pour satisfaire le menteur de la Maison Blanche.
J’aimerais, pour terminer, vous dire que votre sécurité n’est entre les mains ni de Bush, ni de Kerry, ni d’al-Qaïda. Votre sécurité est entre vos mains. Tout État qui ne jouerait pas avec notre sécurité garantirait automatiquement la sienne propre.
Allah est notre Protecteur et notre Guide, mais Il ne vous protège ni ne vous guide.
Que la paix soit sur ceux qui suivent la Voie droite. »

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