Burundi : Nkurunziza exige un sommet régional sur le « conflit ouvert » avec son « ennemi » rwandais

Dans une lettre adressée à son homologue ougandais Yoweri Museveni, le président burundais Pierre Nkurunziza a exigé la tenue d’un sommet spécial des chefs d’État de la région pour traiter de ce qu’il qualifie de « conflit ouvert » avec son « ennemi » et voisin rwandais, a appris l’AFP vendredi auprès de la présidence.

Le président burundais Pierre Nkurunziza à Gitega, en janvier 2016. © STR/AP/SIPA

Le président burundais Pierre Nkurunziza à Gitega, en janvier 2016. © STR/AP/SIPA

Publié le 8 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Dans une lettre ayant fuité sur les réseaux sociaux et dont l’authenticité a été confirmée à l’AFP par une source au sein de la présidence, Pierre Nkurunziza a accusé le Rwanda, comme il l’a déjà fait à de nombreuses reprises, d’être à l’origine de la crise que traverse le Burundi depuis avril 2015. Le président burundais avait à cette époque annoncé sa candidature à un troisième mandat contraire à la Constitution en vigueur à ce moment.

Dans son courrier adressé au président ougandais, médiateur dans la crise burundaise, Pierre Nkurunziza a soutenu notamment que son voisin recrute et soutient de jeunes réfugiés burundais qui tentent ensuite de « déstabiliser » le Burundi.

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Report du sommet de l’EAC

Le Rwanda « est le principal facteur de déstabilisation de mon pays et par conséquent, je ne le considère plus comme un pays partenaire, mais comme un ennemi », a tancé le président burundais dans cette lettre datée du 4 décembre.

Après avoir provoqué le report d’un sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) le 30 novembre, le président Nkurunziza a exigé « l’organisation d’un sommet extraordinaire dont l’agenda sera de trouver une solution à la question du conflit ouvert entre le Burundi et le Rwanda ».

Pierre Nkurunziza, qui accuse régulièrement le Rwanda d’être le « cheval de Troie » de l’ancien colon belge et de l’Union européenne, estime que c’est au terme d’un tel sommet que le gouvernement pourra participer à un dernier round du dialogue interburundais de sortie de crise.

Échec de la facilitation

Le sommet prévu fin novembre à Arusha et boycotté par la délégation burundaise, qui dit ne pas avoir été prévenue à temps, devait aborder la crise burundaise. Le facilitateur, l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa, qui a renoncé à poursuivre sa mission à l’issue du cinquième round du dialogue boycotté par Bujumbura fin octobre, devait présenter son rapport, bilan de trois ans de mission.

Le seul sommet auquel les États partenaires ont été conviés est le sommet ordinaire du 27 décembre 2018 à Arusha

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Pierre Nkurunziza a toutefois réitéré que le gouvernement refuse de discuter avec l’opposition en exil, qu’il accuse d’avoir fomenté un coup d’État.

« Le fait de voir Nkurunziza déclarer le Rwanda comme son ‘ennemi’ est très grave et très inquiétant », a réagi un diplomate africain sous couvert d’anonymat.

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« Cette volonté délibérée de régionalisation de la crise burundaise est une fuite en avant, un tournant dangereux qui peut avoir de graves conséquences dans une région très instable », a renchéri un autre diplomate africain.

À Kigali, on préfère ne pas commenter ce courrier. « Cette lettre ne nous a pas été adressée et nous n’y répondrons pas. Le seul sommet auquel les États partenaires ont été conviés est le sommet ordinaire du 27 décembre 2018 à Arusha. Ce sommet a un agenda bien précis et le Rwanda y participera », a simplement estimé une source diplomatique rwandaise contactée par Jeune Afrique. 

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