Voici pourquoi le monde n’aime pas Bush

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Même si la victoire des États-Unis dans une seconde guerre du Golfe risque de faire changer d’avis un certain nombre de sceptiques, force est de reconnaître que le climat politique est aujourd’hui fondamentalement différent de ce qu’il était en 1991. Les chiffres sont impressionnants : 81 % des Allemands et 82 % des Français, par exemple, sont contre la guerre. L’autre semaine, en Turquie, les opposants étaient environ 87 %. L’administration Bush fait grand cas du soutien que lui apporte le président Vaclav Havel, mais oublie que près des deux tiers des Tchèques sont opposés à une participation de leur pays au conflit. Les résultats des sondages d’opinion en Pologne, qui est probablement le pays le plus proaméricain au monde (avec Israël), sont encore plus révélateurs. Les partisans de la guerre n’y sont que 6 %, quels que soient les résultats des inspections. Même dans l’hypothèse où les inspecteurs démontreraient « que l’Irak possède des armes de destruction massive », le pourcentage ne dépasse pas 24 %. En revanche, 34 % des Polonais sont résolument opposés à une guerre, quelles que soient les circonstances.

Les alliés de l’Amérique sont inquiets. Naturellement, ils n’envisagent pas une seconde que les États-Unis aient l’intention de conquérir leur pays, mais ils redoutent de vivre dans un monde américain, où leur destin national serait décidé à Washington.
« Ce n’est pas que nous ne vous aimons pas, commente Simon Atkinson, un Britannique qui travaille pour un institut de sondage, c’est lui que nous n’aimons pas. » « Vous », ce sont les Américains ; « lui », c’est, bien sûr, George W. Bush. De fait, l’administration républicaine s’est aliéné une bonne partie du monde, autant par ses propos que par ses actes. « Regardez la manière dont ces types s’expriment, leurs tics, leurs gestes. N’avez-vous pas l’impression d’avoir sous les yeux le cow-boy de la pub Marlboro ? » interroge Rami Khouri, un journaliste jordanien.

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La puissance américaine est beaucoup plus supportable quand elle se drape dans le manteau de la communauté internationale. Cela signifie que Washington doit faire le maximum pour obtenir une seconde résolution des Nations unies l’autorisant à déclencher une action militaire. Comme pour la première, ils ont de bonnes chances d’y parvenir s’ils essaient vraiment. Cela signifie également que l’administration ne doit pas seulement convaincre l’opinion américaine, mais aussi l’opinion mondiale. Elle doit absolument donner l’impression qu’elle se préoccupe de ce que pense le reste du monde. George Bush doit expliquer de manière convaincante aux autres pays : « Ce n’est pas parce qu’on ne vous aime pas, vous. C’est parce qu’on ne l’aime pas, lui. » « Lui », cette fois, c’est Saddam Hussein.

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