Un exode planétaire

Plus de 150 millions de personnes à travers le monde résident, de manière permanente, hors de leur pays natal.

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Le phénomène est vieux comme le monde, mais ne cesse de s’accentuer. Selon un rapport publié par la revue Population et sociétés (septembre 2002), plus de 150 millions de personnes – un habitant de la planète sur quarante – résident aujourd’hui, de manière permanente, hors de leur pays natal. C’est deux fois plus qu’il y a trente-cinq ans.
Plusieurs raisons expliquent cet exode transfrontalier. La principale est économique : huit migrants sur dix sont motivés par la recherche d’un emploi et d’une vie matérielle plus digne. Les « pays neufs » restent leur destination préférée. Les États-Unis accueillent ainsi 28 millions d’immigrants (10 % de la population), le Canada 5 millions (17 %) et l’Australie 4,4 millions (25 %).
En Europe, l’Allemagne et la France arrivent en tête des pays d’accueil, avec respectivement 7,3 millions (9 %) et 4,3 millions (7,3 %) d’étrangers ce dernier chiffre n’incluant pas les populations des départements français d’outre-mer. Le pays européen le plus accueillant est néanmoins la Suisse : un habitant sur cinq y est étranger.
Hors d’Occident, d’autres pays, peu peuplés et/ou riches en pétrole, accueillent une importante communauté étrangère. C’est le cas des monarchies du Golfe (notamment l’Arabie saoudite : 4 millions de personnes), de la Libye, de Brunei et de la Guinée équatoriale, qui, tous, comptent entre 25 % et 50 % d’immigrés.
Certains quittent leur pays natal pour des raisons idéologiques ou politiques. Ainsi des juifs de la diaspora qui ont choisi de s’installer en Israël (près de la moitié des ressortissants de l’État hébreu sont nés à l’étranger) ou des Russes qui, jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, émigrèrent massivement vers les pays baltes ou les ex-Républiques soviétiques d’Asie centrale. Plus de 3 millions d’entre eux sont rentrés en Russie depuis l’éclatement de l’empire soviétique.
Une dernière catégorie de migrants, la plus vulnérable, s’est beaucoup développée au cours des dernières décennies : les réfugiés. Elle compterait aujourd’hui entre 13 millions et 18 millions de personnes, soit un migrant sur dix, mais ses effectifs varient considérablement au gré du déclenchement des conflits. Au Rwanda, au Mozambique, en Afghanistan et en Yougoslavie, la dernière décennie a été marquée par l’exode de plusieurs millions de réfugiés vers les pays voisins.
L’accroissement du nombre des migrants a de graves conséquences économiques et sociales. Les pays d’origine sont ainsi confrontés à un dramatique brain-drain (fuite des cerveaux) qui freine leur développement. En Inde, d’ici à 2005, le phénomène touchera plus de cent mille ingénieurs et techniciens en informatique. Quant aux pays d’accueil, ils sont parfois le théâtre de réactions xénophobes de la part d’une partie de leur population, qui se sent menacée dans son identité. Certains experts sont néanmoins convaincus que ces migrations constituent un phénomène naturel de régulation, qui permet de « transférer » une partie de l’excédent des pays pauvres vers des régions, l’Europe par exemple, victimes d’un déclin démographique.

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