« Tenez tête à George W. Bush ! »

Dans une lettre ouverte au président Jacques Chirac, un lecteur estime que, face aux velléités guerrières des États-Unis en Irak, la France doit rester ferme.

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Depuis le début de la crise irakienne, provoquée par la volonté du président des États-Unis de frapper l’Irak pour « compléter le travail entrepris par son père il y a une décennie », la France, par la voix de son président et de son ministre des Affaires étrangères a envoyé au monde un signal fort : la région du Moyen-Orient n’a pas besoin d’une autre guerre. Et si ce conflit injuste et inutile doit tout de même avoir lieu, la France, comme d’ailleurs l’Allemagne, n’y participera pas. Mais que s’est-il passé le 7 janvier 2003, date à laquelle vous avez, Monsieur le Président, invité l’armée française à se tenir prête à toute éventualité face à la crise irakienne ? Votre propos ne faisait alors aucun doute : la France envisageait sa participation à ce conflit. Pourquoi ? Quelles garanties les États-Unis avaient-ils offertes à la France ? Un territoire à gérer ? Des zones pétrolifères à exploiter ? Une partie du monde arabe à coloniser ? Quel marchandage secret avait alors emporté l’adhésion du président de la République ? Tout ceci a ensuite été contredit par vos dernières déclarations, dans lesquelles nous avons pu déceler la volonté de la France de jouer un rôle indépendant dans les affaires du monde, de ne pas continuer à se laisser mener par des « partenaires » incultes, arrogants et peu soucieux de ses intérêts. N’adjoignons pas à Bush un bouledogue français en plus du caniche anglais, pour qu’il aille se pavaner dans un Moyen-Orient dévasté ! Non, Monsieur le Président ! Il est impensable qu’un héritier du gaullisme se laisse dicter sa conduite, dans une affaire aussi sérieuse, par un « allié » qui n’a jamais tenu compte des avis de ses amis, et qui se prend toujours davantage pour le gendarme du monde parce qu’il se croit le plus puissant. Non, Monsieur le Président ! Vous ne pouvez pas aspirer à faire une Europe forte tout en continuant à suivre les États-Unis même dans leurs entreprises les plus folles ! Vous n’avez sans doute pas oublié la manière dont les États-Unis ont traité leurs supplétifs – y compris la France – durant la guerre du Golfe ? Il ne vous a pas échappé que, pendant ce conflit, le pays a déboursé des milliards de dollars dont il n’a jamais été dédommagé, alors que les États-Unis se sont fait rembourser leurs dépenses par des pays comme l’Arabie saoudite et le Koweït. Et que, malgré les promesses américaines d’avant-guerre destinées à constituer une coalition, les entreprises françaises – et notamment pétrolières -, n’ont jamais eu accès au marché saoudien ni koweïtien ? Monsieur le Président, pour une fois, presque tout le peuple français est derrière vous, pour vous soutenir et dire non aux États-Unis et à leur puissance aveugle. Alors ne trahissez pas votre peuple et résistez comme vous l’avez fait jusqu’à récemment. Car Monsieur le Président, les tyrans ne respectent que ceux qui leur résistent. Si vous empêchez cette guerre, la France – j’en suis persuadé -, en sortira grandie et respectée.

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