Promesses des génomes décryptés

Les chercheurs disposent désormais de la carte d’identité du parasite. De quoi doper les travaux en faveur de la lutte contre le Plasmodium .

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Il y a quelques mois encore, les chercheurs s’entêtaient à le répéter : sans une compréhension fine du cycle de transmission de la maladie, la lutte contre le paludisme ne serait pas efficace. Avec le décryptage simultané, rendu public le 3 octobre 2002, des génomes de l’anophèle, le moustique vecteur, et du Plasmodium falciparum, le parasite responsable de la maladie, les scientifiques n’ont jamais disposé d’autant d’informations : ils ont vu le dictionnaire de 14 définitions qu’ils possédaient grossir de plus de 19 000 entrées, correspondant aux 14 000 gènes du moustique et aux 5 300 du parasite. Il ne faut cependant pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : avoir décrypté le génome ne signifie pas que, demain, une équipe produira le vaccin tant espéré. Le travail demandera des années. Mais les scientifiques disposent désormais de toutes les clés nécessaires.
Le génome du P. falciparum sera sans doute le plus utile. Les chercheurs ont déjà observé un phénomène intéressant. Dix pour cent de ses gènes semblent être identiques à ceux des végétaux. Des traitements reprenant les principes actifs des désherbants sont donc envisageables, avec la garantie qu’ils n’auront aucun effet secondaire sur l’être humain, puisque les cinq cents protéines végétales codées par ces gènes n’existent pas chez l’homme. Une expérience menée sur des souris avait d’ailleurs confirmé cette hypothèse : traitées à l’herbicide, elles avaient été guéries de la malaria. Les chercheurs estiment avoir trouvé dix nouvelles cibles potentielles pour les principes actifs des médicaments. De quoi contourner le problème actuel de résistance aux thérapies utilisées. Comme le souligne Anthony Fauci, le directeur de l’illustre National Institute of Health (NIH) américain, « les scientifiques détiennent pour la première fois le matériel génétique de la cause, du vecteur et de l’hôte d’une maladie. C’est un avantage technologique jamais obtenu auparavant. » Cette configuration devrait permettre de cibler avec une plus grande efficacité les moyens de lutte à venir. Qui seront, dans un premier temps, des insecticides et des répulsifs plus performants. À long terme, il n’est plus utopique d’envisager de nouveaux médicaments, un vaccin – 20 % des gènes sont étudiés comme des cibles potentielles -, voire des moustiques transgéniques, si l’on conclut qu’ils ne risquent pas de devenir, à leur tour, une menace redoutable.

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