Noirs et Latinos à l’université

En recommandant un système différent, l’administration Bush rouvre le débat sur les résultats de la discrimination positive.

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 3 minutes.

Le président George W. Bush a expliqué, au début de janvier, pourquoi son administration va demander à la Cour suprême d’abolir la règle de discrimination positive, l’affirmative action, pour l’entrée à l’université du Michigan. Il recommande un système différent, apte selon lui à introduire une plus grande diversité raciale dans l’enseignement supérieur public. Cette technique permettrait aux étudiants de postuler à l’entrée dans une université d’État, même s’ils viennent d’une mauvaise école ou si leurs notes d’examen sont médiocres.
Le document officiel de l’administration chante les louanges de la méthode dite « du pourcentage », apparemment testée et approuvée, qui permettait une juste représentation des minorités dans l’enseignement supérieur, sans que la race soit ouvertement prise en compte dans le dossier d’admission.
Ce système – qui a des partisans à gauche comme à droite – prévoit d’inscrire, par État, à l’université un pourcentage prédéterminé des meilleurs élèves de chaque classe. Bush explique que cette méthode a été adoptée au Texas lorsqu’il était gouverneur, à la suite d’un arrêté, rendu en 1996 par une cour de justice de l’État, qui stipulait que les lycées ne pouvaient plus invoquer la race d’un élève pour peser sur une décision d’admission à l’université. « Ce n’est pas la panacée, mais cela prend en compte la scolarité de l’élève et ses objectifs », commente Lani Guinier, professeur de droit à Harvard.
En dépit des efforts de l’administration Bush, la méthode du pourcentage ne mettra pas fin au débat sur la discrimination positive. Ses détracteurs affirment qu’elle se fonde sur une ségrégation effectuée en amont, dans le secondaire. Les spécialistes doutent de sa constitutionnalité, car elle a été ouvertement conçue pour accroître la représentation des minorités, donc n’est pas « racialement neutre ». Elle a aussi un autre défaut, plus grave : elle ne prévoit rien pour les deux cycles du secondaire.
Seuls les bons résultats enregistrés à l’université du Texas, à Austin, pionnière en ce domaine, plaident en sa faveur. Mais au départ, le pourcentage de jeunes Noirs entrant à l’université est tombé à 2,7 % en 1997, alors qu’il oscillait entre 4,1 % et 5,6 % au cours des cinq années précédentes. En 1998, le pourcentage est remonté entre 3,3 % et 4,1 %. En ce qui concerne les Latinos, ils étaient 16,1 % en 1993 et atteignent péniblement 14,3 % en 2002. Ces chiffres, pour certains, sont trompeurs car, dans le même temps, la proportion de Noirs et de Latinos en âge d’aller au collège a augmenté de façon très significative. Il y en avait 44 % en 1990 et 52 % en 2000, selon les données du recensement. La méthode du pourcentage y aurait donc eu un effet négatif.
Quoi qu’il en soit, les partisans de la discrimination positive rejettent cette méthode : « C’est absurde de prétendre que toutes les écoles sont équivalentes ou qu’elles peuvent avoir des étudiants de niveau semblable. » Cela n’a pas de sens non plus d’ignorer tout ce qui compose la vie d’un étudiant, hormis son classement. Les résultats de l’examen d’admission, les activités extrascolaires et les recommandations des professeurs devraient être pris en compte. D’autres soulignent au contraire que les étudiants sélectionnés de cette façon ont tendance à obtenir de meilleurs résultats aux examens. Il reste, de toute façon, que ce système n’est pas conforme à la décision du juge Lewis F. Powell qui stipule que la race est un élément à prendre en considération en priorité lors d’une admission à l’université. Enfin, la Constitution interdit la discrimination raciale, même indirecte. Or c’est le principal reproche qu’on peut faire à la méthode du pourcentage.
© The New York Times et J.A./l’intelligent 2003. Tous droits réservés.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires