À n’importe quel prix, mais la paix !

Transport, hébergement, … Ce qu’a coûté la table ronde de Marcoussis.

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 3 minutes.

Pour ramener la paix en Côte d’Ivoire, la France n’a pas lésiné sur les moyens : déploiement de 2 500 soldats sur le terrain, aide logistique aux forces militaires de la Cedeao et, enfin, financement de la table ronde de Linas-Marcoussis. Cette prise en charge a commencé par le voyage de la délégation de neuf rebelles qui a fait le déplacement entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal, le 14 janvier : ceux-ci ont fait une escale de quelques heures à Dakar, où ils sont arrivés vers 15 heures à bord d’un Transall de l’armée française. Le soir même, au moins cinq d’entre eux ont pris l’avion pour Paris, par un vol de la compagnie Air France, avec des billets en classe « affaires » pré-payés depuis… Abidjan. La totalité des frais de transport des personnes devant participer aux négociations – les trente-deux délégués ivoiriens et les experts venus d’autres pays – a été payée par le gouvernement français. Ce qui représente une coquette somme. Les problèmes administratifs, en outre, ont été réglés en un temps record : certains des rebelles, visiblement, n’avaient pas de passeport en cours de validité. Comme il n’y avait pas de temps à perdre, on leur a délivré des visas d’entrée à leur arrivée à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Pourtant, les frais de transport ne sont pas, loin s’en faut, le poste le plus important. C’est la location du centre de Marcoussis qui a coûté le plus cher. Pour satisfaire la demande du Quai d’Orsay, la Fédération française de rugby aurait fait annuler deux séminaires de Hewlett-Packard et de la Poste prévus au même moment. Pour quel montant ? Au siège de la Fédération de rugby, on se contente de dire qu’on a pratiqué les tarifs habituels. En réalité, le gouvernement français cherchait un hôtel pour accueillir la table ronde et y faire loger les délégations. Il a choisi l’offre de la Fédération de rugby parce qu’elle était de loin la plus intéressante. Alors que de grands hôtels parisiens avaient proposé des prix variant entre 2 millions et 3 millions d’euros, la location du centre de Marcoussis revenait à environ 1,5 million d’euros pour la période du 15 au 26 janvier. De plus, Linas-Marcoussis présentait l’avantage de se trouver en grande banlieue, offrant de ce fait l’isolement et la quiétude indispensables aux négociations.
Outre la location du centre – qui constitue la plus grosse dépense -, le gouvernement français s’est aussi attaché les services de CRS ainsi que de cinq escadrons de gendarmerie. Il a par ailleurs loué six voitures et souscrit un abonnement à l’Agence France Presse pour les délégués… Quelques jours avant l’ouverture de la table ronde, le Quai d’Orsay a passé commande d’un lot assez important de cartes téléphoniques afin que les délégués puissent appeler sur l’international. Enfin, un pécule de 660 euros – pour dix jours – a été octroyé à chaque participant. Cette somme a servi au moins à payer le bar, qui, contrairement aux repas servis dans le restaurant, n’était pas gratuit. La France aura donc pris en charge toutes les dépenses financières, excepté celles de l’escale de Dakar. À leur arrivée dans la capitale sénégalaise, où, comme on l’a vu, ils n’ont passé que quelques heures, les leaders de la rébellion ivoirienne ont tout juste eu le temps de rencontrer le président sénégalais Abdoulaye Wade – avec qui ils ont partagé un repas – avant de faire du… shopping chez Amy Boutique, une des grandes maisons de mode de la capitale, située dans le centre-ville, non loin de la place de l’Indépendance. Ils ne pouvaient décemment pas se rendre à une réunion aussi importante que celle de Paris dans n’importe quelle tenue. Mais apparemment seuls l’adjudant Tuo Fozié et Guillaume Soro, le secrétaire général du MPCI, se sont acheté des costumes, les autres membres de la troupe ayant trouvé les prix prohibitifs…

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