Métissage musical

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

La première chose qui frappe, une fois qu’on a réussi à se frayer un passage jusqu’à la petite scène du Satellit Café, dans le 11e arrondissement parisien, c’est le regard amusé de Chérif Mbaw, lutin droit sur pied et griffant sa guitare dans un débordement rythmique qui n’est pas sans rappeler le foisonnant mbalax d’un Youssou Ndour à ses débuts. Mais la comparaison s’arrête là. Car très vite se greffent, sur ce fond rythmique soutenu par les percussions de Assan Mbaye, la batterie de Sylvain Petite et la basse de Cédric Lesouquet, des sonorités empruntées à différents répertoires, entre Espagne, Inde et Cuba. Chérif Mbaw se dit à l’aise avec l’étiquette world music (« musique du monde »). Il y a de quoi. L’artiste né en 1968 à Ziguinchor, au Sénégal, s’est dès le départ ouvert à d’autres horizons musicaux. Après avoir commencé par une formation de guitariste classique, entamée au conservatoire de Dakar et poursuivie à Paris entre 1994 et 1995, grâce à une bourse de l’Unesco. Sa curiosité l’a conduit à s’intéresser avec la même avidité « à une sonate de Beethoven comme à une improvisation de free-jazz ». Tout en travaillant sa voix suivant des techniques de chant propres aux traditions de son pays.

Lors de ses premières apparitions publiques sur les scènes dakaroises au côté de son compatriote, le guitariste Fadel Ndiayen, le public, peu habitué à un cocktail musical aussi audacieux, découvrait, à la fois intrigué et ravi, un mélange de mbalax, d’influences classiques occidentales et de flamenco. Mais la plus grande surprise est à venir avec un premier album, Kham kham. Marier des instruments aussi divers que l’accordéon, les tablas et le violon indiens, pour ne citer que ceux-là, voilà une gageure que Chérif Mbaw relève avec des musiciens cubains, français, britanniques, indiens, espagnols, etc. Cette tontine musicale serait peut-être restée une curiosité expérimentale s’il n’y avait la voix de Chérif Mbaw, aiguë et douce, puissante sans forcer, ou caressante comme dans « Doomu Adama ». C’est le fil rouge de cette aventure.
Mbaw réussit tous ses paris musicaux en donnant l’impression de s’amuser. Et en attendant la sortie de son deuxième album, courant 2003 (l’intéressé n’en dit pas plus), on pourra apprécier des extraits du premier sur le site de l’artiste : www.cherifmbaw.com.

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