Mère courage et père fantôme !

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Il est admis par les psychologues que « le complexe d’OEdipe », dans des proportions acceptables, n’est pas une calamité. De Gorki à Brecht, en passant par notre poète Midani Ben Salah, la mère a été plus glorifiée par son fils que par sa fille. Mais, nous dit la psychiatre Saïda Douki (voir J.A.I. n° 2182), dans la société tunisienne actuelle, l’attachement à la mère serait encore, dans certains cas, plus grand que l’attachement à l’épouse. Soit. Que faut-il faire alors pour renverser cette équation ? « Il faut que les mères fassent « un peu de place » aux pères », et que ces derniers aient le courage d’assumer leur rôle. Aurait-elle constaté l’inconfort de certains pères dans la nouvelle famille tunisienne aux contours, sinon mal définis, du moins mal intériorisés ? Pourquoi alors ne pas réfléchir à une synthèse authentiquement tunisienne qui rendrait effective la libération de la femme tout en redonnant au père toute sa place dans la cellule familiale. Dans l’ensemble et du fait qu’ils aient accepté depuis presque un demi-siècle maintenant – même s’il y a encore quelques « grognards » ! – cette authentique révolution des moeurs qu’est l’émancipation de la femme, les Tunisiens ont fait montre d’un degré de civilisation qui force l’admiration. Alors, de grâce ! ne continuons pas à les accabler par un féminisme outrancier et passé de mode, car leur patience a des limites… Et « un retour de manivelle » dans « le pays réel » peut très bien coexister avec une émancipation parfaite au niveau du « pays légal ». Car la libération réelle de la femme est une entreprise essentiellement individuelle de construction de soi. La libération est extensible. On peut être « en deçà » comme on peut aller « au-delà ». De l’autre côté de la Méditerranée, les mêmes problèmes se posent. Dans son ouvrage Quels pères ? Quels fils ?, Évelyne Sullerot pose également la question : « Les fils d’aujourd’hui, quels pères seront-ils demain ? » Elle y traite des familles éclatées, des pères devenus facilement « éjectables », sans compter les interventions intempestives de tiers (belles-mères omniprésentes et beaux-frères semant la terreur).
La réhabilitation du rôle du père, problème de l’heure un peu partout dans le monde, prend parfois une tournure revendicative dans certains pays. Aux États-Unis, c’est la Coalition pour le droit des hommes, basée à Washington. En France, c’est le Mouvement pour la condition paternelle. Entre autres. En définitive, femmes de tous les pays, élargissez un peu « le peu de place » réservé au père, votre mari – en fait la juste place qui lui revient de plein droit ni plus ni moins -, et vous verrez qu’il va s’y sentir si bien qu’il oubliera très vite sa mère, son père, sa grand-mère, son grand-père et toute sa smala.

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