La mise en garde de l’Unesco

Un rapport qui permet d’évaluer les acquis, mais surtout de mesurer les lacunes dont souffrent les systèmes éducatifs.

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 4 minutes.

Chaque année, l’Unesco publie son « baromètre » de l’éducation en Afrique subsaharienne. Ce rapport permet de mesurer les acquis, mais surtout de mettre en avant les lacunes dont souffrent les systèmes éducatifs. Ainsi, quatre enfants en âge d’aller à l’école primaire sur dix n’y vont pas. Et seule une minorité de ceux qui la fréquentent obtiennent un niveau de compétences de base. De cette étude menée dans quarante-neuf pays, il ressort que l’éducation préprimaire ne concerne qu’un enfant sur dix, soit 4 millions d’enfants. La situation varie beaucoup selon les pays, 62 % des enfants scolarisés habitant l’Afrique australe ou orientale. Les écoles maternelles privées s’occupent de plus de huit enfants scolarisés sur dix.
L’éducation primaire reste la priorité pour la plupart des pays subsahariens, mais l’accès demeure problématique. Seuls 60 % des enfants de la région en âge d’aller en primaire y étaient effectivement inscrits pendant la période 1998-1999. Ce chiffre recouvre d’énormes disparités. Au Niger, par exemple, seuls 26 % des enfants de cette classe d’âge allaient à l’école, contre 93 % à Maurice. Se fondant sur ces chiffres, on estimait à 38 millions le nombre d’enfants subsahariens en âge d’aller en primaire, mais ne fréquentant pas l’école en 1998. Environ 60 % d’entre eux vivaient dans les pays d’Afrique centrale ou de l’Ouest. Les données indiquent aussi un taux de redoublement élevé dans la région : en moyenne, 17 % des élèves redoublent une classe. Le suivi d’un cursus secondaire est, en revanche, peu répandu. La scolarisation tardive et de forts taux de redoublement signifient, en outre, que dans de nombreux pays une majorité d’enfants en âge d’aller dans le secondaire sont toujours à l’école primaire. Dans la vingtaine de pays pour lesquels on dispose de chiffres, seuls 19 % en moyenne des jeunes gens de cette classe d’âge sont inscrits dans le secondaire. Dans cinq pays (Burkina, Tchad, Guinée, Mozambique et Niger), ils sont moins de 10 %. À l’échelon régional, les garçons sont beaucoup plus nombreux que les filles à être inscrits dans le secondaire. Dans certains pays comme le Bénin, le Tchad et le Togo, les garçons sont plus de deux fois plus nombreux que les filles dans le secondaire. Il existe cependant des exceptions, plus spécifiquement en Afrique australe, comme au Botswana, au Lesotho et en Namibie, où les filles sont majoritaires dans le secondaire.
Tous les pays de la région, à l’exception de São Tomé et des Seychelles, disposent au moins d’une université. L’enseignement supérieur reste cependant « marginal », avec seulement un million et demi d’inscrits environ (Nigeria exclu, faute de données dans ce domaine). Et de nombreux étudiants – notamment ceux qui effectuent des recherches de haut niveau – doivent partir étudier à l’étranger en l’absence de programmes adaptés dans leur pays.
Autre indicateur, celui du nombre d’instituteurs et de professeurs. Tous pays confondus, la moyenne est de 40 élèves par enseignant dans la région, mais, une fois encore, la situation varie considérablement d’un pays à l’autre. Au Mozambique, en Ouganda, au Tchad, au Mali et au Congo, elle est de plus de 60 élèves. Or une moyenne nationale de 60 élèves par enseignant signifie qu’il peut y avoir dans certains établissements une centaine d’élèves par classe.
Outre les sureffectifs, les enseignants de la région sont généralement peu qualifiés. Dans les seize pays ayant fourni des chiffres sur l’éducation préprimaire, seuls 30 % des maîtres en moyenne ont reçu une quelconque formation. La situation est un peu meilleure dans le primaire, mais de nouveau extrêmement variable. De fortes disparités subsistent : en Guinée équatoriale, 100 % des enseignants du primaire ont reçu un minimum de formation, contre 28 % en Guinée-Bissau. Enfin, les parts budgétaires consacrées à l’éducation sont également révélatrices des politiques mises en oeuvre : elles varient de 1 % du Produit intérieur brut en Sierra Leone à plus de 10 % au Zimbabwe et au Lesotho (13,2 %). L’argent sert essentiellement aux dépenses de fonctionnement – y compris les salaires des personnels et l’achat de matériel.
Cet état des lieux serait incomplet s’il ne tenait pas compte des facteurs qui influent sur le monde éducatif, à commencer par la croissance démographique : en Afrique subsaharienne, une personne sur trois est en âge d’aller en primaire ou dans le secondaire, contre seulement une sur cinq en Amérique latine et en Asie, et une sur six dans les pays de l’OCDE. Face à cette situation plus que préoccupante, l’Unesco définit un « éventail de priorités fondamentales » pour faire évoluer la situation : « Les gouvernements doivent reconnaître le rôle crucial de l’éducation en matière de développement, améliorer les capacités des établissements et du personnel enseignant, élargir l’accès et accroître l’équité tout en améliorant la qualité et l’utilité de l’éducation dispensée. » Reste à dégager les moyens nécessaires. C’est-à-dire une croissance économique substantielle… et une réelle volonté politique.

Statistiques de l’éducation 2002. Rapport régional sur la région subsaharienne de l’Afrique 2001.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires