Exemple vietnamien

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 3 minutes.

Sida, tuberculose, paludisme… Pour l’Organisation des Nations unies, c’est « l’axe du Mal » en matière de santé, celui que doit combattre le Fonds spécial créé par le secrétaire général, Kofi Annan. Trois fléaux redoutables, et contre lesquels on est plus ou moins bien armé. À l’heure actuelle, on n’imagine pas possible une éradication du VIH-sida. Mais on sait comment combattre la tuberculose, et on sait qu’il est possible de « faire reculer » le paludisme. À condition qu’on y mette un peu de bon sens et beaucoup de volonté politique.
On a vu, dans les pages qui précèdent, pourquoi le paludisme était « loin d’avoir disparu » en Afrique. Le contre-exemple est le Vietnam. En cinq ans, de 1992 à 1997, ce pays a réduit de 97 % la mortalité paludéenne, et de 60 % le nombre de cas. Sur la même période, le nombre d’épidémies a chuté de 90 % : on n’en a compté que 11 en 1997.
Ces résultats constatés par l’Organisation mondiale de la santé sont d’autant plus frappants que le Vietnam est un terrain particulièrement favorable pour le Plasmodium falciparum. Le tiers de la population – 26 millions sur 77 millions d’habitants – vit dans des régions à risque. Tempêtes, typhons et inondations sont autant d’occasions d’épidémies. En 1991, on en a compté 144 ! Un million de personnes ont été atteintes, moustiques et parasites se montrant, de plus, résistants aux médicaments utilisés.
Le gouvernement vietnamien a profité d’une amélioration de la conjoncture économique pour lancer une contre-offensive et faire de la lutte contre la malaria une priorité nationale. Un appel aux volontaires a été lancé, et quatre cents équipes mobiles ont été formées pour superviser l’action des agents de santé locaux dans les régions touchées.
L’arme numéro un a été la mise au point et la fabrication d’un médicament nouveau : l’artémisine. La collaboration entre chercheurs et industriels a permis d’en produire de grandes quantités à peu de frais.
Parallèlement, des efforts systématiques de prévention ont été déployés. Le nombre de personnes protégées des piqûres de moustiques par la projection d’insecticides à l’intérieur des maisons est passé de 4,3 millions en 1991 à 13 millions en 1997. Dans le même temps, le nombre de personnes dormant sous des moustiquaires imprégnées a bondi de 300 000 à plus de 10 millions. Ces moustiquaires imprégnées étaient fournies gratuitement aux Vietnamiens habitant les zones à risque.
Ces mesures, raisonnables et connues, ne sont, pour le moment, pas appliquées en Afrique, comme elles devraient l’être. Les impératifs économiques vont-ils permettre de faire évoluer cette situation ? En décembre 2002, le quotidien Financial Times publiait un reportage sur les problèmes posés par le parasite à la société Sasol, qui construit au Mozambique, près de la ville côtière de Vilanculos, une usine de traitement de gaz naturel. Le paludisme représente, écrivait le FT, « une menace plus grave que les mines antipersonnel ». Image forte dans un pays où ces engins explosifs restent particulièrement dangereux après vingt-cinq ans de guerre civile. Entre mai, démarrage du chantier, et décembre, cent personnes ont été contaminées, et l’une d’entre elles est décédée. Les responsables de Sasol ont aussitôt pris les mesures indispensables : plutôt qu’une évacuation extrêmement coûteuse vers l’hôpital le plus proche en Afrique du Sud, elles ont opté pour l’installation d’un minilabo. « Si le diagnostic est fait à temps et si l’on soigne les employés atteints, ils peuvent reprendre le travail en deux ou trois jours », expliquent les responsables de l’entreprise. Ces exemples seront-ils suivis ?

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