Rwanda-Afrique du Sud : rapprochement laborieux entre Kigali et Pretoria, qui a rappelé son ambassadeur

Si elles se sont améliorées depuis quelques mois, les relations entre l’Afrique du Sud et le Rwanda peinent à se réchauffer durablement. Les points de friction, qui se cristallisent autour du cas de l’opposant en exil Kayumba Nyamwasa, viennent de conduire au rappel pour consultation du haut-commissaire sud-africain au Rwanda.

Paul Kagame et Cyril Ramaphosa, lors du World Economic Forum en Suisse, en janvier 2018 (image d’illustration). © DR / Présidence sud-africaine

Paul Kagame et Cyril Ramaphosa, lors du World Economic Forum en Suisse, en janvier 2018 (image d’illustration). © DR / Présidence sud-africaine

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Publié le 11 décembre 2018 Lecture : 3 minutes.

La normalisation diplomatique entre le Rwanda et l’Afrique du Sud, qui semblait en bonne voie depuis l’accession de Cyril Ramaphosa à la présidence de la République, se complique. Le haut-commissaire sud-africain au Rwanda, George Twala, a été rappelé à Pretoria fin novembre pour consultations.

Lindiwe Sisulu, la responsable de la diplomatie sud-africaine, s’est insurgée contre les récents commentaires du secrétaire d’État rwandais au ministère des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe. « Nous ne sommes pas contents des propos du ministre sur les réseaux sociaux. Nous avons demandé à notre haut-commissaire au Rwanda d’en informer Kigali avant de le rappeler, et convoqué son homologue rwandais en Afrique du Sud pour des explications. Le processus de normalisation n’est pas suspendu mais, sur des dossiers aussi sensibles, ce genre de remarques n’aident pas », a conclu Ndivhuwo Mabaya.

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Le cas Nyamwasa

À l’occasion d’une conférence de presse tenue le 12 novembre, Lindiwe Sisulu avait révélé avoir rencontré Kayumba Nyamwasa, ancien général rwandais en exil en Afrique du Sud et leader du Rwanda National Congress (RNC), un mouvement d’opposition en exil partisan d’un renversement du pouvoir par la force. La ministre s’était dite « agréablement surprise » de voir que lui-même était prêt à négocier avec le gouvernement rwandais.

En réaction, Olivier Nduhungirehe, le secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères, avait estimé sur Twitter que « si n’importe quel officiel sud-africain souhaite négocier avec un criminel condamné se cachant en Afrique du Sud et menant un mouvement subversif opérant dans la région, il/elle est libre de le faire (…) mais il/elle ne devrait jamais songer à impliquer le Rwanda dans ces “négociations” », avait-il ajouté. Le cas de Kayumba Nyamwasa continue de perturber le rapprochement entre les deux pays. Selon une source diplomatique sud-africaine, Pretoria avait un temps évoqué l’hypothèse du transfert de Nyamwasa dans un autre pays pour faciliter la détente avec le Rwanda, ce qui n’a jamais abouti.

Tout avait pourtant bien commencé. Le 20 mars, à peine un mois après son arrivée au pouvoir, Cyril Ramaphosa participait à son premier sommet de l’Union africaine à Kigali pour la signature de la zone de libre-échange continentale. En marge des débats, ce premier rendez-vous diplomatique avec les dirigeants du continent s’était soldé par l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations entre l’Afrique du Sud et le Rwanda. Paul Kagame, président de l’Union africaine, avait alors quitté « son » sommet pour accueillir son homologue sud-africain à l’aéroport, avant de s’entretenir avec lui. Un tête-à-tête productif, puisque Ramaphosa avait estimé que la question des visas entre les deux pays, suspendus depuis quatre ans, pouvait être considérée comme « réglée ». Neuf mois plus tard, le dossier n’a pas encore trouvé d’issue.

Le rapprochement se poursuit

Les relations entre l’Afrique du Sud et le Rwanda ont souffert depuis 2014. Outre le cas de l’ancien cadre des renseignements rwandais et les difficiles relations avec l’administration Zuma, d’autres contentieux sont régulièrement venus polluer des relations déjà tendues depuis l’assassinat, le 31 décembre 2013, dans un hôtel de Johannesburg, de Patrick Karegeya, ancien directeur des services de renseignements extérieurs rwandais – exilé depuis 2006. L’expulsion de trois diplomates rwandais, suivie de celle de six diplomates sud-africains, avait achevé d’empoisonner les relations entre les deux pays. Une enquête doit s’ouvrir en Afrique du Sud le 16 janvier pour tenter d’élucider l’assassinat de Patrick Karegeya. Quatre ans après, force est de constater que le chemin de la détente reste encore long.

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Malgré le rappel du haut-commissaire sud-africain, dont la date de retour n’a pas encore été fixée, Pretoria se veut rassurant sur la suite des négociations. « Le processus de normalisation se poursuit. Lindiwe Sisulu a commencé les consultations avec toutes les parties concernées au gouvernement pour s’assurer que nous parvenions rapidement à des solutions », a assuré à Jeune Afrique Ndivhuwo Mabaya, le porte-parole de la ministre sud-africaine.

Du côté de Kigali, aucun commentaire officiel n’a été fait au sujet des récents développements. « Le rapprochement entre les deux pays est toujours d’actualité. Mais le cas Kayumba Nyamwasa – condamné par contumace et recherché par la justice rwandaise – ne sera jamais à l’ordre du jour des discussions entre les deux pays », explique néanmoins une source officielle rwandaise.

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