Ce parasite qui a la peau dure

Identifiée dès le XVII e siècle, la maladie a connu une histoire riche en rebondissements.

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Le paludisme n’est pas une endémie nouvelle. Il sévit depuis la plus haute Antiquité, puisqu’on lui attribue même la chute des Empires grec et romain. Au milieu du XXe siècle, il a largement régressé, surtout dans les pays développés, avant d’amorcer un inquiétant come-back ces dernières années, en Europe du Sud notamment. C’est au début du XVIIe siècle qu’une fièvre des « marécages » (d’où le nom de paludisme, du latin palus « marais ») est identifiée parmi les maladies récurrentes. En 1630, on découvre que les Péruviens utilisent l’écorce de quinquina pour guérir ces fièvres, mais ce n’est qu’en 1820 que son principe actif végétal, la quinine, sera isolé. Il sera utilisé pour la première fois par la France lors de la campagne d’Algérie dans la décennie suivante. Mais les responsables de ces états fébriles ne sont toujours pas connus. Cinquante ans plus tard, c’est Alphonse Laveran, médecin militaire français, qui identifie en 1880 à Constantine l’agent pathogène, peu de temps avant que les Italiens Marchiafava, Celli et Golgi classent ce parasite en trois espèces : Plasmodium vivax, Plasmodium falciparum et Plasmodium malariae. Le vecteur, l’anophèle femelle, sera découvert à la toute fin du XIXe siècle, par le Britannique Ross. La quatrième espèce de Plasmodium, P. ovale, sera identifiée en 1922.
Malgré la compréhension du cycle de la maladie, aucun progrès thérapeutique n’est enregistré avant le milieu du XXe siècle, jusqu’à ce que la chloroquine soit mise au point en 1940, et ses nombreux dérivés ensuite. Outre les traitements préventifs et curatifs, les recherches contre le vecteur s’accélèrent. Le DDT, et tous les insecticides de ce type, sont alors très largement utilisés. On croit l’éradication possible, d’autant que, dans les pays développés, en zone tempérée et dans les îles, le succès est au rendez-vous. Mais dans les pays en développement, la lutte est beaucoup plus difficile, notamment lorsque les résistances commencent à se développer, à l’aube des années soixante. Les résistances au DDT pour l’anophèle, et aux antipaludéens de synthèse pour le P. falciparum vont se multiplier. Les autres insecticides étant quatre à dix fois plus chers que le DDT et la recherche tardant à trouver de nouvelles molécules thérapeutiques, le paludisme a pu à loisir reconquérir le terrain perdu.

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