Appel aux investisseurs

Publié le 28 janvier 2003 Lecture : 3 minutes.

Si la visite à Paris du chef du gouvernement algérien Ali Benflis était l’occasion pour l’Algérie et la France de concrétiser leur volonté de rapprochement politique, les intérêts économiques liant les deux pays n’ont pas été oubliés, loin s’en faut. En véritables représentants de commerce, les membres de la délégation algérienne ont vanté aux entrepreneurs français les avantages que présente le marché algérien et les réformes que le gouvernement tente de mettre en place. Avant de rencontrer Jean-Pierre Raffarin et Jacques Chirac, Ali Benflis a ouvert, le 17 janvier, le séminaire organisé par le Centre français du commerce extérieur (CFCE).
« L’Algérie est entrée dans une phase de stabilité », a martelé avec assurance le chef du gouvernement algérien, tout à fait à l’aise devant les principaux responsables du secteur privé (Medef International, Groupe Castel, Michelin, Société générale, BNP Paribas, Bouygues, Coface, Danone, EADS…). « Beaucoup reste à faire, a reconnu Ali Benflis, qui, par ailleurs, connaît encore assez mal le milieu des affaires français. Mais ce qu’il nous reste à faire, nous souhaitons le faire avec vous. Ma visite en France intervient à un moment charnière du développement de mon pays. »
La volonté de changement des responsables algériens a rassuré les investisseurs français. Car la situation sur le terrain est souvent difficile, et les lourdeurs administratives compliquent la tâche des petites et moyennes entreprises, qui n’ont pas accès directement aux hauts responsables politiques, seul moyen réellement efficace de contourner la bureaucratie. Flanqué de son ministre des Finances Mohamed Terbeche, et de la ministre déléguée chargée de la réforme financière Fatiha Mentouri, Ali Benflis n’a eu de cesse de rappeler, preuves à l’appui, que les conditions d’investissement dans son pays allaient s’améliorant. Les souhaits des entreprises étrangères sont en train de se réaliser, a-t-il affirmé, conscient que « le monde économique réuni ici ne peut se contenter de voeux pieux ».
Parmi ces souhaits, la création d’une zone d’investissement prioritaire, la mise à niveau de l’appareil judiciaire, la lutte contre le secteur informel, l’allègement des procédures et, surtout, la réforme du secteur bancaire. Car il est aujourd’hui difficile pour les entreprises d’effectuer des transferts rapides d’argent, de traiter avec une clientèle peu habituée aux cartes de paiement, bref, de subir les archaïsmes des banques algériennes (délais, faible équipement et moyens de paiement non sécurisés). Mettant l’accent sur le tourisme – même si on peut se demander quel investisseur pourrait vraiment avoir envie de s’y lancer dans le contexte actuel – et la construction, deux secteurs sinistrés, les responsables algériens ont lancé un appel aux entreprises françaises et leur ont promis un accueil des plus chaleureux.
Du côté français, les responsables des filiales déjà présentes sur le terrain se sont déclarés satisfaits de leur cadre de travail. Michel Tranche, directeur général de Renault Algérie, trouve cependant que « les installations sont encore chères car il y a peu de terrains disponibles. Et tant que le pays n’aura pas réussi à asseoir sa monnaie et qu’il restera si dépendant des hydrocarbures, il ne pourra pas y avoir de réels progrès. Mais il faut être patient, car les évolutions demandées sont profondes. »
Très mauvaises dans les années quatre-vingt-dix, les relations commerciales entre les deux pays se sont améliorées au début de cette décennie. La France est aujourd’hui le quatrième client de l’Algérie et son premier fournisseur, loin devant les États-Unis. En 2002, elle lui a essentiellement vendu des biens d’équipement, des automobiles, du matériel informatique et de télécommunication, ainsi que des machines-outils. Les échanges entre les deux pays sont passés de 4 milliards d’euros en 1999 à 6,4 milliards en 2001 (+ 60 % en deux ans).
Enfin, la balance commerciale s’est rééquilibrée en faveur de l’Algérie : l’excédent commercial de la France n’est aujourd’hui que de 392 millions d’euros, contre plus de 1 milliard d’euros en 1999. Treizième client de la France en 2002 (une place de gagnée par rapport à 2001), l’Algérie est devenue son premier partenaire commercial maghrébin. Pourtant, les investissements directs français (1,2 milliard de dollars en 2001) sont bien plus faibles qu’au Maroc, par exemple (2,65 milliards de dollars la même année).

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