Silvio Berlusconi

Publié le 3 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Dans la soirée du 25 novembre, les requiems de Brahms, de Mozart et de Verdi ont été joués simultanément à Bologne, Vérone, Naples, Rome et dans plusieurs autres villes d’Italie. Selon les organisateurs de la manifestation, il s’agissait d’une veillée funèbre pour la culture, victime des restrictions budgétaires imposées par Silvio Berlusconi. On jurerait que nombre de musiciens italiens souhaitaient aussi célébrer par anticipation – ce qui n’est jamais très prudent – la défaite du président du Conseil lors des législatives du printemps prochain. Car le vent tourne pour Il Cavaliere. Ce même 25 novembre, le pays était paralysé par une grève générale, la sixième depuis son arrivée aux affaires. Les syndicats entendaient protester contre l’état catastrophique de l’économie : dette publique supérieure à la richesse nationale, déficit budgétaire crevant le plafond des 3 % du PIB imposé par Bruxelles, atonie de la croissance (quasi nulle en 2005), report à 2008 de la réforme des retraites… Même Luca Cordero di Montezemolo, le patron des patrons, déplore les ratés du gouvernement. Celui-ci a pourtant bénéficié depuis cinq ans d’une exceptionnelle stabilité.
En 2001, Berlusconi incarnait la rupture. Aujourd’hui, de nombreux Italiens voient en lui le fossoyeur du pays. Résultat : la coalition de centre gauche emmenée par Romano Prodi, l’ancien président de la Commission européenne, a huit points d’avance dans les sondages. Et Forza Italia, le parti berlusconien, ne recueille que 20 % des intentions de vote, contre 29 % en 2001. Aux abois, l’homme le plus riche d’Italie sort l’artillerie lourde contre le « péril rouge ». A l’en croire, « si la gauche et les communistes arrivent au pouvoir, ils mettront le pays en faillite, les petits entrepreneurs seront ruinés, les producteurs de vin ne vendront plus une bouteille et le patrimoine des familles sera lourdement taxé ». Cette rhétorique apocalyptique lui a souvent réussi dans le passé. Qu’en sera-t-il cette fois ?
Le président du Conseil conserve deux atouts : la télévision, bien sûr, qu’il contrôle à 95 %, et la réforme électorale que le Parlement a adoptée le 14 décembre. En remplaçant le scrutin majoritaire, qui favorise les victoires nettes, par le scrutin à la proportionnelle, il tente de prévenir une déroute de ses troupes, mais aussi de « pourrir » la probable victoire de l’opposition.
Bref, le vent a tourné, mais il peut tourner encore.

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