Robert Mugabe
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Ni l’effondrement de l’économie ni les sanctions occidentales ne sont parvenus à ébranler le pouvoir du président zimbabwéen Robert Mugabe. Au contraire, le dirigeant le plus controversé du continent africain ne cesse de renforcer son emprise sur un pays à genoux, où plus de 70 % de la population active est au chômage. Lors du premier scrutin sénatorial de l’histoire du pays, le 26 novembre, il est même parvenu à affaiblir considérablement le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, en anglais), la seule force d’opposition susceptible de lui faire de l’ombre. Créé en 1999 par l’ancien leader syndical Morgan Tsvangirai, le MDC, qui n’avait perdu que de justesse les législatives de 2000, est aujourd’hui au bord de la scission. L’appel au boycottage de la consultation sénatoriale lancé par Tsvangirai s’est en effet traduit par une écrasante victoire de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), le parti du président.
Ce dernier, qui n’est qu’octogénaire, ne cache plus son intention de se maintenir à la tête de l’État jusqu’à l’âge de 100 ans ! C’est en tout cas ce qu’il a affirmé après la victoire de son parti aux législatives très contestées du mois de mars.
Le discours nationaliste aux forts relents anticolonialistes du « camarade Bob » serait-il payant ? La réforme agraire lancée en 2000 et la redistribution des terres des fermiers blancs aux populations africaines qui s’est ensuivie a pourtant précipité le pays dans une crise financière et sociale sans précédent. L’ancien « grenier » de l’Afrique australe est en proie à la famine sur 13 millions d’habitants, 6 millions dépendent aujourd’hui de l’aide alimentaire et souffre d’une pénurie de carburant qui a cloué au sol les appareils de la compagnie aérienne nationale, à la mi-novembre.
La démolition des bidonvilles entreprise le 19 mai a de surcroît chassé des villes des centaines de milliers de pauvres. Et provoqué un nouveau tollé dans la communauté internationale, plus déterminée que jamais à « avoir la peau » de Mugabe. Condoleezza Rice, la secrétaire d’État américaine, ne classe-t-elle pas le Zimbabwe parmi les « postes avancés de la tyrannie » ?
Au pouvoir depuis l’indépendance, en 1980, le libérateur de l’ex-Rhodésie du Sud n’a certes rien d’un grand démocrate, mais l’acharnement à son encontre de Londres et de Washington ne fait que renforcer l’aura dont il jouit auprès d’une partie de l’opinion africaine. Et jusqu’en Asie, où il bénéficie du soutien de plusieurs pays, la Chine en tête. Et puis l’Afrique du Sud n’a nullement l’intention de laisser s’effondrer son turbulent voisin
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