Exposition : au cœur du Black Panther Party
Jusqu’au 6 janvier, la Maison Folie Moulins à Lille propose Power to the People, une exposition consacrée au Black Panther Party. Pendant sept ans, le photographe américain Stephen Shames s’est immergé en son sein. Portraits de militants, manifestations publiques, actions caritatives.. rien n’a échappé à l’œil du photographe.
Dans l’escalier menant au premier étage, le visiteur se retrouve confronté à un face-à-face presque intimidant. Passé quelques marches, son regard croise celui d’une panthère noire, dessinée sur un mur. Une première rencontre qui donne le ton de ce qui l’attend. Jusqu’au 6 janvier, la Maison Folie Moulins propose en effet l’exposition Power to the people, consacrée au Black Panther Party (BPP). Une galerie de photos en noir et blanc offrant une plongée saisissante au sein de l’organisation luttant contre la discrimination raciale à partir de la fin des années 1960, aux États-Unis.
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Parti pris assumé
Pendant sept ans, le photographe américain Stephen Shames a suivi les membres du BPP. Comment a-t-il obtenu un tel passe-droit ? « Je ne le cache pas, j’ai soutenu le BPP, confie sans détour le photographe. Bobby Seale, l’un des fondateurs de l’organisation, aimait mes photos et a souhaité les publier dans le journal du parti. C’est comme ça que j’ai pu les suivre et les photographier. »
À travers cette exposition, Stephen Shames a voulu présenter des aspects méconnus du BPP
L’exposition, qui se décline en cinq parties (Diriger, Rassembler, Lutter, Protéger, Communiquer), dévoile petit à petit toutes les facettes du BPP. En commençant par le portrait des deux fondateurs, Bobby Seale et Huey Newton. Les images ne se ressemblent pas, illustrant leur différence de personnalité. Si le premier, chemise en jean entrouverte et sourire angélique, laisse transparaître une attitude sobre et pacifique, le second fait davantage preuve de virilité. On le voit torse nu, exhibant à loisir sa musculature, un vinyle de Bob Dylan dans les mains pour ajouter de la poésie au portrait.
À travers cette exposition, Stephen Shames a voulu présenter des aspects méconnus du BPP. Cela passe par des portraits intimes de militants, avec leurs épouses et leurs enfants, qui soulignent le rôle des femmes au sein du parti, dont certaines furent influentes. Cela montre aussi les initiatives sociales du BPP, comme la distribution de petits déjeuners ou de vêtements auprès des plus défavorisés. Il est aussi possible de découvrir les coulisses de la fabrication du journal hebdomadaire du parti, l’outil de propagande. « Tout ceci contribue à montrer la structure de l’organisation dans son ensemble comme son idéologie et ses liens avec la communauté africaine-américaine, explique Stephen Shames. C’était, en tout cas, mon objectif. »
Espérons que les gens continuent à se lever face au racisme et à la peur de l’autre
Statu quo ?
Officiellement, le BPP a été dissous en 1982. Mais ses aspirations sont-elles pour autant désuètes dans l’Amérique d’aujourd’hui ? « La plupart des problèmes abordés dans le programme du BPP ne sont pas résolus. La police tire toujours et tue des jeunes Africains-Américains. La pauvreté et le chômage touchent encore davantage cette communauté. Le logement et l’éducation restent aussi des sujets de préoccupation », assure Stephen Shames.
Avant de poursuivre sur un terrain miné : « S’il y a une nouveauté, c’est du côté politique, avec l’apparition de racisme déclaré de la part de partisans de Donald Trump. Ses discours ont ouvert la boîte de pandore. À l’instar de Black Lives Matter et d’autres mouvements défendant les minorités, espérons que les gens continuent à se lever face au racisme et à la peur de l’autre. »
Infos pratiques :
Exposition Power to the People
Maison Folie Moulins
47, rue d’Arras, 59000 Lille
Du mercredi au dimanche de 14h à 19h
Gratuit
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