Corruption des officiers : la gendarmerie sénégalaise promet des sanctions
Une note interne dénonçant la corruption au sein de certaines brigades a fuité dans la presse. La gendarmerie nationale promet la tolérance zéro et prévoit déjà des sanctions.
Le 28 novembre, le général Moussa Fall, commandant de la gendarmerie territoriale, a lancé un rappel à l’ordre de ses troupes. Par le biais d’une note interne, il a dénoncé l’existence de « caisses ouvertes au nom de l’unité sans aucun fondement légal ».
En substance, il s’agit de pots-de-vin perçus par les gendarmes en charge des contrôles sur les routes, versés par certains automobilistes pour échapper à une contravention plus salée. « Un racket organisé par les commandants de brigade et leurs adjoints », pointe la note de service. Le document mentionne trois caisses, mises au grand jour au sein de trois brigades différentes et pouvant aller jusqu’à 200 000 francs CFA (un peu plus de 305 euros) par semaine.
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Une pratique à l’échelle nationale
Il s’agit de trois brigades, sur les 120 que compte le pays. Le chiffre bas peut sembler étonnant, tant il est connu au Sénégal qu’il est possible d’échapper à une amende grâce à quelques milliers de francs CFA glissés à un officier. « Avoir découvert trois caisses ne signifie pas qu’il n’y en a pas ailleurs », défend le commandant Ibrahima Ndiaye, responsable de la communication de la gendarmerie nationale.
Dans une allocution publique devant le stand de la gendarmerie à la Foire internationale de Dakar le mercredi 12 novembre, le patron de la gendarmerie, Cheikh Sène, s’est voulu rassurant : « Cette corruption n’est nullement organisée ou généralisée au sein de la gendarmerie ». Des propos à l’encontre de la note de service qui rend compte d’« une pratique à l’échelle nationale ».
Un conseil d’enquête à venir
Alors que des investigations sont en cours, les contrôles de l’inspection interne ont déjà permis l’application de sanctions pour « toutes les personnes impliquées, gradées ou non », assure Ibrahima Ndiaye, sans en préciser le nombre. Au sein de la gendarmerie nationale, les sanctions sont évolutives. Une fois sur le bureau du ministre des Forces armées Augustin Tine, le dossier en cours pourra faire l’objet d’un conseil d’enquête au sein de la gendarmerie nationale, lequel décidera d’un renvoi ou non des officiers mis en cause.
« Ce sont des fautes graves et inacceptables qui seront sévèrement sanctionnées », avertit Cheikh Sène. Et Ibrahima Ndiaye de renchérir : « même pour 1 000 francs, nous ne laisserons rien passer ». Si la pratique n’a rien de nouveau, la fuite dans les médias de la note interne oblige l’autorité à afficher une tolérance zéro. Du moins en apparence. Car les résultats ont encore du mal à suivre. En 2017, sur 18 renvois de la gendarmerie, aucun n’était lié à des faits de corruption.
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Éviter les échanges de cash
Pour pallier ce phénomène, la gendarmerie nationale planche sur des moyens de dématérialiser les amendes forfaitaires. Un projet que le ministère des Forces armées, dont dépend la gendarmerie nationale, mène en coordination avec le ministère des Finances. Mais cela empêchera-t-il vraiment les automobilistes contrôlés de glisser un billet dans leur permis, et aux gendarmes de s’arranger afin d’arrondir leur fin de mois ?
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