L’impôt sur les billets d’avion ne mène nulle part

Publié le 2 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Que vaut la proposition soumise par Jacques Chirac à 145 chefs d’État de taxer les billets d’avion pour lutter contre la faim et les épidémies dans le monde ? Selon la théorie économique conventionnelle (et contestable) des « biens publics », un impôt sur les billets d’avion pourrait tout au plus se justifier en compensation de dommages possibles occasionnés par le trafic aérien : pour financer des mesures contre le bruit dans les zones aux alentours des aéroports, pour rétribuer directement les personnes souffrant des conséquences de ce trafic, etc. En créant un impôt dont les revenus seraient redirigés en faveur de pays moins développés, la proposition de Jacques Chirac n’entre certainement pas dans cette catégorie. Ce d’autant moins que les « externalités » présumées dues au trafic aérien peuvent être internalisées sans problème par des contrats privés : les aéroports eux-mêmes peuvent par exemple prélever des taxes d’atterrissage. L’impôt est inutile.

L’usage proposé des revenus de l’impôt sur les billets d’avion soulève en revanche la question de l’efficacité de soutenir de cette manière des pays moins développés. Depuis 1960, plus de 500 milliards de dollars ont été déversés sur l’Afrique – l’équivalent de quatre plans Marshall. Cette approche, pourtant, n’a jamais eu de résultats probants. Entre 1975 et 2000, le revenu par habitant des Africains vivant au sud du Sahara a reculé à un taux annuel moyen de 0,59 % : sur cette période, le PIB par tête ajusté aux parités de pouvoir d’achat en dollars constants a diminué de 1 770 à 1 479 dollars ! L’aide au développement, en donnant sans contrepartie des fonds prélevés par la contrainte sur des tiers, ne peut être efficace : elle distord l’allocation de ressources qui auraient pu être utilisées ailleurs à meilleur escient.

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Les preuves abondent que l’aide occidentale soutient des politiques contre-productives et alimente des bureaucraties corrompues et surdimensionnées. La Banque mondiale estime que les Africains détiennent 40 % de leur richesse, peut-être entre 700 milliards et 800 milliards de dollars, à l’étranger, niant ainsi la thèse peu crédible du « piège de la pauvreté ».

Les solutions à la faim dans les pays moins développés sont connues : l’institution des droits de propriété et des libertés fondamentales, l’abolition des barrières au libre-échange, l’abandon des politiques industrielles protectionnistes. Or les accomplissements dans ces domaines sont quasi inexistants. Seuls le Botswana, l’île Maurice, la Namibie et l’Afrique du Sud peuvent être considérés comme des succès relatifs. Face à cette réalité, la taxe sur les billets d’avion avancée par le gouvernement français ne fait que détourner des vrais problèmes. Elle doit être combattue.

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