Mali : des dizaines de Touaregs tués dans une attaque près de la frontière nigérienne

Des dizaines de civils Touaregs ont été tués entre le mardi 11 et le mercredi 12 décembre par des jihadistes présumés dans le nord-est du Mali, dans la région de Ménaka, zone de confrontation entre des jihadistes ayant prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI) et deux groupes armés principalement touaregs soutenant les troupes maliennes et françaises.

Des militaires maliens lors d’une patrouille aux abords de Ménaka, dans le nord du Mali, en 2014. © Dorothée Thiénot pour Jeune Afrique

Des militaires maliens lors d’une patrouille aux abords de Ménaka, dans le nord du Mali, en 2014. © Dorothée Thiénot pour Jeune Afrique

Publié le 14 décembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, issu de l’ex-rébellion) a dénoncé des attaques lancées entre la nuit de mardi et mercredi matin par « des bandits armés sur plus de vingt motos » contre plusieurs localités, où ils « ont exécuté des civils de la communauté Idaksahak » (touareg), faisant état jeudi 13 décembre d’un bilan de « 47 morts ».

Les assaillants « sont repartis vers la frontière nigérienne après avoir allumé un feu de brousse », a ajouté ce groupe principalement touareg.

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Des élus locaux ont confirmé l’attaque, évoquant entre une vingtaine et plusieurs dizaines de tués.

Un élu de la région a également indiqué que les assaillants étaient « venus de la frontière nigérienne et repartis dans cette direction », mais sans pouvoir se prononcer sur le bilan.

« Lorsque l’armée malienne s’est rendue sur les lieux, les corps étaient déjà enterrés par des combattants du Mouvement pour le salut de l’Azawad », malgré les consignes d’attendre l’arrivée des militaires, a expliqué cet élu sous le couvert de l’anonymat, disant « craindre une manipulation des chiffres ».

Un autre élu local, qui affirme avoir pu brièvement parler avec un blessé, a accusé les assaillants d’avoir « tiré sur tous les civils rencontrés dans les campements ».

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Enquête de l’ONU

La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a condamné sur Twitter « les faits collectés concernant cette série d’attaques », sans donner d’estimation chiffrée.

« Conformément à son mandat, la Minusma déploie une équipe spéciale d’enquête des droits de l’Homme pour établir les faits ainsi que les circonstances de l’exécution des civils dans ces localités et situer les responsabilités », a-t-elle ajouté, appelant « les autorités maliennes à enquêter sur ces incidents et à traduire les responsables en justice ».

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Dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l’ONU en août, un groupe d’experts souligne que les conflits entre communautés de la région, pour les postes de pouvoir, le contrôle d’axes commerciaux ou de contrebande, les pâturages et l’accès aux puits, exacerbent les tensions dues aux affrontements entre jihadistes et forces internationales et maliennes.

Conflits intercommunautaires

Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux civils, appartenant surtout aux communautés peule et touareg, ont péri depuis le début de l’année dans cette région de Ménaka.

>>> À LIRE – Mali : un rapport documente les crimes de guerre et l’impunité à l’œuvre dans le centre du pays

Les affrontements à caractère intercommunautaire se poursuivent également dans le centre du Mali, frontalier du Burkina Faso et du Niger, où ils ont fait plus de 500 morts civils en 2018, selon l’ONU, malgré la mort, annoncée par Paris et Bamako, du prédicateur radical peul Amadou Koufa lors d’une opération militaire il y a trois semaines. Sa mort a été démentie en début de semaine par Al-Qaïda au Magrheb islamique (Aqmi), qui n’a pas apporté de preuve de vie.

L’apparition en 2015 dans cette région du groupe jihadiste d’Amadou Koufa a déclenché un cycle de violences dont « les victimes sont principalement des Peuls, ciblés par les « groupes d’autodéfense » des ethnies dogon et bambara au motif qu’ils soutiendraient des islamistes armés pour la plupart en lien avec Al-Qaïda », selon un rapport publié la semaine dernière par Human Rights Watch (HRW).

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