Lansana Conté
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Impossible de faire le moindre pronostic sur l’avenir du chef de l’État guinéen. En décembre 2002, les médecins marocains qui l’avaient examiné après son évacuation d’urgence à Rabat ne lui donnaient pas plus de six mois à vivre. Trois ans après, Lansana Conté est toujours là. Et continue de régner sur un pays qu’il n’a plus les moyens physiques de gouverner : il n’a pas mis les pieds depuis une éternité dans son bureau du « Petit Palais », à Kaloum, le quartier des administrations et des affaires, à Conakry.
2006 ne devrait rien changer à la méthode inventée par Conté : la non-gouvernance absolue. Depuis des années, le pouvoir est à ramasser sans que l’armée, paralysée par le système de délation instauré de longue date en son sein, songe à se baisser pour le faire. Le 19 janvier 2004, alors qu’il quittait son village de Wawa pour rejoindre Conakry, le chef de l’État a d’ailleurs échappé à un attentat – probablement monté de toutes pièces – qui a servi de prétexte à une impitoyable chasse aux sorcières.
Logiquement, cette atmosphère de fin de règne aiguise les appétits : chacun joue des coudes et l’entourage du chef de l’État se déchire. Le clan qui s’est constitué autour de Fodé Bangoura, le secrétaire général de la présidence, écarte un à un ses rivaux potentiels. La course à la succession devrait se poursuivre dans les mois à venir, avec son lot de brutalités, de croche-pieds et de coups tordus.
Pendant ce temps-là, la situation économique et sociale continue de se dégrader. Et l’inflation de s’envoler : sans doute plus de 100 % entre 2000 et 2005. Résultat : l’exaspération de la population est à son comble. Au mois de novembre – fait rarissime -, une grève générale a paralysé la fonction publique pendant plusieurs jours. Et si les Guinéens se décidaient à mettre un terme à cette interminable partie de sur-place ?
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