Ellen Johnson-Sirleaf
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Son bon sourire, son regard malicieux derrière ses lunettes cerclées et ses airs de gentille mamie ne doivent pas faire illusion : Ellen Johnson-Sirleaf (67 ans) n’a pas volé son surnom de « Dame de fer ». Le 23 novembre, elle est devenue le vingt-troisième président de la République du Liberia en battant largement – 60 % des voix au second tour – le favori de la consultation, l’ancien footballeur George Weah.
Économiste diplômée de Harvard, elle a, dans le passé, travaillé dans le privé (notamment à la Citibank) et pour les Nations unies. Auparavant, elle avait été la ministre des Finances du président William Tolbert, qui, en 1980, fut renversé et assassiné par le sergent Samuel Doe. Au cours des années suivantes, ses activités politiques lui vaudront d’être emprisonnée à deux reprises. Elle s’engage au côté de Charles Taylor, le chef de guerre qui tente par tous les moyens – fût-ce les plus sanglants – de renverser la dictature et ne rompra avec lui qu’en 1997, après la présidentielle qui portera l’ex-rebelle au pouvoir. Huit ans après, tous les ponts ne sont apparemment pas rompus puisque Jewel Howard-Taylor, l’épouse du président déchu, lui a apporté son soutien pendant la campagne électorale.
Des dossiers urgents attendent la nouvelle chef de l’État, à commencer par la réconciliation de tous les Libériens. Les tensions ethniques, politiques et religieuses n’ayant pratiquement jamais cessé depuis la création du pays, en 1847, elle va devoir s’efforcer de créer presque de toutes pièces une identité libérienne transcendant tous les clivages. Vaste programme ! Dans un premier temps, il lui faudra sans doute en passer par la mise en place d’une commission « vérité et réconciliation » sur le modèle sud-africain.
Mais la paix ne pourra être durablement rétablie sans un redressement de l’État et une relance de l’économie. Le Liberia (3 millions d’habitants) dispose de ressources minérales et végétales à profusion. Reste à les mettre en valeur dès que l’embargo onusien sur l’exportation des diamants et du bois aura été levé. La lutte contre la corruption et pour une complète restructuration des services publics (eau, électricité, téléphone, etc.) est une priorité. Le rééchelonnement, sinon la suppression, de la dette – 3 milliards de dollars, actuellement – en est une autre.
Sa tâche est titanesque, mais elle dispose de quelques atouts. Intransigeante, voire dure, avec ses collaborateurs quand elle estime qu’ils ne remplissent pas correctement leurs obligations professionnelles, c’est une femme simple, proche de son peuple, parlant à la fois l’anglais américain et l’anglais libérien. Et elle a promis de s’en tenir à un seul mandat de six ans à la tête de l’État.
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