Mohamed Aziz Derj : « Les outils RSE doivent être adaptés aux cultures et à l’écosystème africains »
Mohamed Aziz Derj est directeur du développement durable de Cosumar et président du réseau Kilimandjaro.
RSE : de bonnes volontés à ordonner
Parce qu’il a érigé sa politique de responsabilité sociétale et environnementale (RSE) en stratégie d’entreprise, le marocain Cosumar, spécialisé dans la production de sucre de betterave et de canne, est devenu une référence. Mohamed Aziz Derj, directeur du développement durable, revient sur les bénéfices de cette approche et le travail qu’il mène au sein du réseau Kilimandjaro, réunissant les acteurs de la RSE en Afrique.
Jeune afrique : Quels services spécifiques proposez-vous aux 80 000 agriculteurs avec lesquels vous travaillez ?
Mohamed Aziz Derj : Cosumar préfinance l’achat des semences, des produits phytosanitaires, des engrais, la mécanisation et l’approvisionnement en eau. Par ailleurs, nous offrons aux agriculteurs une assistance technique, gage d’un meilleur rendement à l’hectare. S’y ajoute un volet social : nous avons créé un fonds d’aide indemnisant les sinistrés en cas d’épisodes de gel et d’inondation et mis en place un système d’assurance maladie.
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Qu’y gagnez-vous ?
La fidélisation des agriculteurs, grâce à l’amélioration de leurs revenus, ce qui sécurise l’approvisionnement de nos sites industriels. En parallèle, nous sommes aussi à l’écoute de nos salariés via les syndicats, les comités d’hygiène et de sécurité. Un baromètre social bisannuel nous permet de mesurer leurs attentes et de mettre en place des plans d’action pour améliorer la situation. Résultat, nous ne sommes plus confrontés à des problèmes de grèves et nous avons la garantie que nos usines fonctionnent à plein régime.
Le réseau Kilimandjaro a décidé de s’inspirer du label RSE marocain pour en élaborer un à l’échelle du continent. Pourquoi ?
Ce projet apportera un référentiel aux pays qui n’ont pas encore de label. Il offrira en outre des normes communes, permettant une reconnaissance mutuelle des pratiques. Ce label est par exemple l’opportunité pour les multinationales d’avoir une plateforme unifiée adaptée au contexte africain.
La création d’un référentiel africain ne risque-t-elle pas d’induire des exigences moins fortes envers les entreprises ?
L’Afrique a des cultures, des habitudes et un écosystème propres. Il est naturel que les outils soient adaptés. Bien sûr, les valeurs humaines sont universelles, mais la manière de répondre aux problèmes et les priorités sont différentes. Contrairement à ce que certains pensent, la prise en compte du terrain rend les choses plus complexes pour les entreprises. Elle les oblige à considérer les attentes et à ne pas confondre RSE et mécénat.
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