Allons enfants de la banlieue…

Publié le 2 janvier 2006 Lecture : 1 minute.

« Je l’ai, je suis allé la chercher ! » Le 20 décembre, à Clichy-sous-Bois, le chanteur de rap Joey Starr brandit fièrement sa toute nouvelle carte d’électeur. Devant lui, près de quatre cents jeunes auxquels il entend montrer l’exemple. À ses côtés, l’humoriste Jamel Debbouze, le comédien Jean-Pierre Bacri, ou encore le styliste Mohamed Dia.
La rencontre fait suite à l’appel lancé deux semaines plus tôt par le collectif Devoirs de mémoires, rebaptisé Devoir de réagir. « Allons jeunes et moins jeunes de la patrie, le jour de s’inscrire sur les listes électorales est arrivé », avait entonné, dans un pastiche de la Marseillaise, le groupe de réflexion fondé en 2004, par Joey Starr notamment. Objectif : inciter les jeunes à s’exprimer par les urnes plutôt que par la violence, celle qui, il y a deux mois, a embrasé les banlieues françaises, à commencer par Clichy-sous-Bois justement. Soutenus par des personnalités du monde du spectacle, des « parrains » qui, pour certains, ont grandi dans les « quartiers », les membres de Devoir de réagir sont passés symboliquement aux actes. Le 20 décembre, ces professeurs d’éducation civique improvisés ont accompagné une cinquantaine de leurs « élèves » à la mairie de Clichy pour qu’ils retirent leur carte d’électeur, les inscriptions se clôturant le 31 décembre.
Mais la bonne volonté des artistes n’a pas toujours convaincu. « Pourquoi vous êtes là alors que, avant, vous n’aviez pas le temps ? » leur a demandé un Clichois, sous-entendant que Joey Starr et consorts en profitaient pour faire une démonstration médiatique de bons sentiments à peu de frais. « Vous voulez qu’on ait notre carte, mais pour voter pour qui ? a ajouté le même. On n’a personne qui nous représente ! » « Ne me dites pas qu’on est venus pour notre publicité, ça me rend hystérique, lui lance Jamel Debbouze, piqué au vif. Moi, je viens de Trappes, et je suis là pour être solidaire. »
« Ce genre de questions était à prévoir, on s’attendait à des réactions plus violentes », explique Boris Mendza, membre du collectif. Pour certains, les prises à partie sont salutaires, car elles prouvent la profondeur du malaise. S’il en était besoin.

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