Rudy le terrible

Libéral en matière de murs, Rudolph Giuliani est un superfaucon dès qu’il s’agit de la sécurité nationale. Problème : il brigue l’investiture du Parti républicain pour la présidentielle de 2008.

Publié le 27 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

En matière de lutte contre le terrorisme, la plupart des candidats républicains à l’élection présidentielle de 2008 se croient obligés de renchérir sur l’administration Bush. De vrais va-t-en-guerre ! L’ancien sénateur Ford Thompson soutient que l’Amérique ne se rend toujours pas compte de la gravité de la situation. John McCain tient des propos plus mesurés, mais Rudy Giuliani, l’ancien maire de New York, ne perd pas une occasion de dénoncer le « fascisme islamiste » et juge que l’affrontement avec les groupes terroristes durera pendant plusieurs générations.
Aux yeux des électeurs des primaires républicaines, avant tout attachés à la défense des valeurs morales, Giuliani passe pour un modéré, aussi bien sur le mariage homosexuel que sur la réglementation du port des armes à feu. Mais sur la sécurité nationale, c’est un superfaucon qui va encore plus loin que bien des néoconservateurs. Norman Podhoretz, l’ancien rédacteur en chef de la revue Commentary, est d’ailleurs l’un de ses conseillers.
S’il venait à être élu, Giuliani mènerait une lutte à mort contre toute une série d’ennemis au premier rang desquels l’Iran, contre lequel il n’exclut pas de recourir à des « frappes antibunkers », autrement dit d’utiliser des armes nucléaires tactiques pour détruire ses laboratoires souterrains. Compte tenu des menaces « multiples » auxquelles ils sont exposés, les États-Unis doivent, selon lui, renforcer de toute urgence leur puissance militaire, créer au moins dix nouvelles brigades de combat, mettre en place un système de défense antimissile et créer, grâce au renseignement et aux nouvelles technologies, un « bouclier » capable de « faire face à toutes les formes d’attaques ».
Giuliani juge que l’ONU a « montré ses limites dans presque tous les grands conflits depuis cinquante ans ». L’organisation pourrait, à la rigueur, être chargée de « certaines missions humanitaires ou de maintien de la paix », mais guère plus. Quant à l’Otan, elle devrait avoir une vocation planétaire et regrouper tous les moyens civils et militaires des États-Unis afin de pouvoir intervenir militairement contre n’importe quel pays, sans limitation géographique, comme c’est le cas aujourd’hui.
Rien de tout cela n’est de nature à apaiser les craintes qu’inspirent à de nombreux pays les ambitions démesurées de l’Amérique. À en croire Giuliani, le néoconservatisme a échoué non parce qu’il en faisait trop, mais parce qu’il n’en a pas fait assez. « La conviction profonde des Américains, écrit-il, est que tous les êtres humains ont certains droits inaliénables qu’ils tiennent de Dieu, mais qui doivent être protégés par l’État. Nous estimons que, dès lors que les lois et les coutumes d’un pays respectent ces droits, la paix avec ce pays est possible. »
Les attentats du 11 Septembre ont catapulté Rudy Giuliani au rang de héros national, bien qu’on ne sache pas très bien ce qu’il a fait pour mériter une telle adulation. Plus les Américains seront nerveux, plus sa position se renforcera. Et plus le monde aura des raisons de s’inquiéter. Comme le disent les Anglais, « les gens qui ont des marteaux cherchent des clous pour taper dessus ».

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